Ce n’est pas tous les jours que l’on se retrouve face à la machine à boules du loto historique de 1977. Ce n’est pas tous les jours que l’on entre dans les coulisses de la Française des jeux à Vitrolles. « Pour des raisons de confidentialité et de politique interne, il est rare de pouvoir pénétrer ici mais les choses changent » assure le responsable gouvernance des opérations informatique Roland Marzot.
Le campus, bordé de pinèdes, comprend 7 000m2 de bureaux où évoluent 420 collaborateurs. Site qui a « fêté » ses 40 ans l’année dernière. Un des bâtiments abrite le data center, « le cœur technologique » résume Serge Foucault, le responsable administratif. « C’est le centre de calcul pour toute la France. Nous fonctionnons 24h/24 et 7j/7. Notre activité suit le soleil étant donné que nous sommes également connectés avec la Polynésie ou encore les DOM ».
Badge magnétique et empreinte digitale, pour franchir la porte : le site est sensible. Ici, dans ces serveurs, transitent les données de près de 31 000 points de vente. « Il y a moins d’une seconde entre la prise de jeu et l’émission du reçu » souligne Anne-Hélène Massin de la direction informatique. « Le chiffre d’affaires en mise était de 15 milliards € en 2017 (redistribué à 95%), ça explique la puissance du dispositif de cybersécurité » poursuit-elle. Entre 450 et 500 transactions sont traitées à la seconde, pour un chiffre d’affaires de 100 000€ par minute.
Une salle des machines sécurisée par un système d’extinction à gaz, de l’argonite. « Une solution très chère qui permet d’éteindre les incendies en diminuant le niveau d’oxygène en dessous de 14% » détaille Serge Foucault. Les serveurs sont en outre refroidis avec un système utilisant de l’eau fraiche. Dans une démarche visant à maitriser son empreinte carbone, la FDJ récupère les calories émises par les serveurs pour chauffer les bureaux. Deux circuits se croisent. « Tous ce qui se passe là-dedans, c’est une alchimie complexe » expose Serge Foucault. Abrités dans deux pièces de 500m2 les serveurs sont surveillés sans discontinuer.
Ce n’est pas ici par contre que l’on croisera les gros gagnants du loto, reçus à Boulogne, ou encore la production des jeux à gratter, qui est faite au Canada. Entourés de représentants de la CCIMP et de la mairie de Vitrolles, les 9 chefs d’entreprises privilégiés, qui ont pu bénéficier de cette visite, n’en restent pas moins impressionnés, à l’image de Laurent Campillo, dirigeant de la société de nettoyage clean sud : « je ne pensais pas que ce site abritait tout ça. On ne se doute pas quand on valide un ticket de loto qu’il y a toute cette machinerie derrière ».
Ce data center, c’est la fierté et la joie de Roland Marzot, responsable gouvernance des opérations informatiques : « il faut être capable de gérer la surcharge liée à un événement comme le mondial de football qui provoque une explosion du nombre de paris sportifs ». Un outil déjà mis à la disposition d’autres comme la loterie romande. Le data serveur de la FDJ fait des envieux : « nous sommes la 4eme loterie au monde et plusieurs états américains, ainsi que des provinces canadiennes, veulent aujourd’hui travailler avec nous » se félicite-t-il face à ce qu’il nomme « la transformation de la FDJ ». La Française des jeux qui doit également faire face à d’autres défis conclut Roland Marzot : « avec 1200 collaborateurs, on ne peut pas tout faire. Surtout avec cette ouverture à l’international. Nous recherchons par exemple des data scientist mais quand je rencontre des jeunes en école et que je leur parle des opportunités à la FDJ, ils s’imaginent remplacer Jean-Pierre Foucault. On a un message à faire passer dans ce sens ».