Forum d’Aix-Marseille : les décideurs internationaux ont la parole

Des dirigeants de groupes internationaux sont venus exposer leurs attentes vis-à-vis des acteurs du territoire et appréhender ses efforts pour se rendre attractif. Comme l’a rappelé Jean-Luc Chauvin, président de la CCIAMP et vice-président de Provence Promotion, organisatrice de ce Forum, notre Métropole se trouve à un moment charnière, avec 11 milliards d’euros d’investissements industriels potentiels autour de Fos et de l’étang de Berre et près de 15 000 emplois en perspective. Il importe donc qu’elle se pare de ses plus beaux atouts sous les yeux de décideurs courtisés de toutes parts.

« Nous travaillons collectivement à faire un territoire « business friendly ». Nous avons du foncier économique, une forte population jeune et multiculturelle, une position géostratégique entre Europe et Méditerranée, un port et un aéroport qui se transforment, des câbles sous-marins internationaux, la plus grande université francophone du monde, bientôt une Cité internationale de la maternelle au bac… Et nous vivons un vrai saut qualitatif avec les projets industriels de décarbonation qui se préparent pour montrer qu’il n’y a pas d’opposition entre économie et écologie !».

« Notre Métropole veut devenir le démonstrateur innovant d’une ville durable » a promis de son côté Vincent Languille, conseiller métropolitain délégué au commerce extérieur, en rappelant qu’en trois ans, 25 000 emplois nets supplémentaires avaient été créés dans son périmètre.

Pour Marc Lhermitte du cabinet EY Consulting, Marseille souffre d’une image moins positive que Bordeaux et Strasbourg mais les dépasse en nombre d’accueil de projets. Face une concurrence ardue, il ne faut donc rien lâcher selon lui. « Les entreprises internationales recherchent des conditions qui vont accélérer leur transformation. On peut être plus sélectif sur les projets, mais il ne faut surtout pas fermer les portes » alerte-t-il. 

Capitaliser sur les atouts

Sur la première des thématiques évoquées, « Talents : diversité, inclusion, mobilité », les entrepreneurs étrangers revendiquent un vivier de compétences diverses et disponibles.

« La capacité du bassin d’emploi est devenu le critère numéro 1 pour nos clients qui exploitent des plateformes logistiques » atteste Cécile Tricault, directrice générale Europe du Sud de Prologis. Quand la pénurie s’accroît, il importe d’épuiser tous les recours.

« Il y a un énorme travail d’accompagnement à effectuer sur les personnes actuellement au chômage » suggère Alain Roumilhac, président de Manpower Group Europe du Sud.

Mickaël Locoh, directeur général Europe du Sud et Afrique de Steelcase, recommande aussi de « s’intéresser aux séniors ». Et à l’attraction de ressources extérieures, jugeant la qualité du cadre de vie dans la Métropole comme « un atout phénoménal ».

Jean-Philippe André, président du directoire d’Haribo France, voit une autre chance : « Il faut capitaliser sur le plan Marseille en Grand du Président de la République qui s’est entiché de la ville, il offre une vraie vision stratégique » glisse-t-il. 

Coopérer pour accélérer

Consacrée à la décarbonation et la souveraineté industrielle, la deuxième table ronde a permis à David Martin, vice-président Stratégie et Transformation d’Air Products, d’élever le regard : « Pour nos groupes industriels, les rivalités entre Paris et les métropoles ne sont qu’un combat franco-français. Quand on pense à Marseille, on pense Méditerranée. Et on compare donc avec Barcelone, Venise… ». Il insiste aussi sur l’impératif d’embarquer la population dans le « story telling » du mouvement de décarbonation afin de la faire mieux adhérer.

Une volonté de « jeu collectif » chère à Jean-Luc Chauvin que partage Doris Birkhofer, présidente et CEO de Siemens France : « Pour avancer, la collaboration entre acteurs publics et privés permet d’être plus efficace ». Et si l’Etat l’accompagne, c’est encore mieux pour Nathalie Joffrin, senior manager Global Subsidies de LyondellBasell. « Son rôle est primordial pour attirer, protéger et développer l’industrie », espérant des aides pour soutenir les investissements.

Bruno Pillon, président des activités France d’Heidelberg Materials, réclame, lui, d’accélérer les procédures d’implantation de projets. « Sinon, il sera difficile d’être au rendez-vous de 2030 alors que la transition écologique est une formidable opportunité de développement ». Si tout n’est pas parfait, le britannique EP Group n’a pas vu d’obstacle majeur pour positionner sa 1ère usine de fabrication d’emballages à Port-Saint-Louis-du-Rhône. « Nous avons regardé beaucoup de sites partout en Europe » admet Ibrahim Majid, son directeur général. Provence Promotion a su trouver les arguments!