La CCI métropolitaine Aix-Marseille-Provence a réalisé en novembre 2020 une enquête auprès des cafés, hôtels, restaurants et des commerces de proximité pour évaluer l’impact du 2e confinement. Cette enquête révélait que 9 entreprises sur 10 du secteur de la restauration étaient en suspension d’activité ou avaient perdu plus de la moitié de leur chiffre d’affaires.
Les restaurateurs consacrent en moyenne un tiers de leur chiffre d’affaires à l’achat de matières premières et approvisionnements. Aussi, au-delà du secteur lui-même, la fermeture des restaurants a des répercussions sur toute la filière de leurs fournisseurs directs et indirects, en particulier les grossistes spécialisés dans la restauration hors foyer : fournisseurs de denrées alimentaires, boissons, équipements…
Pour ces spécialistes, la restauration commerciale (cafés, hôtels, restaurants, hôtellerie de plein air et événementiel) représente en moyenne 2/3 de leur chiffre d’affaires.
Certains secteurs sont ainsi touchés de plein fouet. Au premier rang desquels le négoce de boissons. Les professionnels du secteur, dont la quasi-totalité du chiffre d’affaires est réalisé avec les CHR, sont à l’arrêt. Dans ce secteur, la mise en place d’actions pour compenser les pertes est difficilement envisageable. « On est limité dans la mise en place de nouvelles actions. On sait que l’on va devoir travailler dur pour payer les dettes », explique un grossiste distributeur de boissons. Certains envisagent ainsi une réduction des effectifs dès 2021.
Certaines activités accusent un recul de chiffre d’affaires moindre, entre 25% à 50% en fonction de l’activité et du niveau de diversification de la clientèle. C’est le cas des grossistes spécialisés en fruits et légumes, produits de la mer, hygiène ou encore les grossistes multi produits, pour lesquels la restauration collective, les détaillants ou la grande distribution représentent une part non négligeable de leur chiffre d’affaires. Ceux-ci n’envisagent pas encore de réductions d’effectifs, mais ont conclu des accords d’activité partielle de moyen terme.
La consommation hors domicile représente 15% des volumes commercialisés pour les industries agroalimentaires. Selon le dernier baromètre établi par l’Association Nationale des Industries Alimentaires en novembre 2020, 57% des entreprises déclaraient être concernées par une baisse d’activité proche de 50% et 60% estiment que l’effondrement de la consommation hors domicile aura de lourdes conséquences sur l’amont agricole.
La baisse des prix des produits agricoles les plus fortement consommés en restauration (salades, pommes de terre…) peut mettre en péril les exploitations les plus fragiles et en particulier les exploitations agricoles de proximité. « Le plus inquiétant : c’est la surproduction, qui peut causer la perte de petits producteurs locaux (circuits courts). On en arrive au point où le prix de marché ne couvre pas toujours la récolte et le conditionnement. Si ces producteurs disparaissent, cela risque d’être difficile au moment de la reprise et de contrarier la volonté de développer les circuits courts », précise un grossiste au Marché d’Intérêt National Aix-Marseille-Provence.