Le Smart Port Challenge lance huit nouveaux défis

« Le Smart Port Challenge se veut un levier d'innovations pour le poumon économique qu'est le port de Marseille » explique Marie-Laure Guidi, membre élu de la CCIAMP. « Ce concours doit permettre de faire émerger des solutions pour accompagner les transitions en cours et à venir ». Pour Hervé Martel, président du directoire du port de Marseille-Fos, il s'agit de « verdir l'activité du port. Sur les trois éditions précédentes, les projets ont débouché sur de très belles réussites, comme par exemple Searoutes ». En réponse à un défi, cette start-up marseillaise a mis au point et  commercialise des algorithmes qui proposent des itinéraires maritimes et terrestres minimisant les rejets de co2. 

Lancé en 2018, le Smart Port Challenge a donc pour vocation de mettre en relation de grands donneurs d'ordres et des start-up. Les premiers lancent des défis dans des domaines liés à l'activité portuaire (logistique, énergie, numérique...), puis sélectionnent parmi les candidats le lauréat qu'ils vont accompagner pendant cinq mois pour lui permettre de transformer une idée en réalité pratique. Cette année, le concours est ouvert jusqu'à fin décembre. Huit défis sont lancés. Les gagnants seront connus en janvier 2023. Ils bénéficieront chacun de 15 000 € de dotation et de l'assistance des experts du Laboratoire d'intelligence collective et artificielle (LICA). 

8 défis pour construire le port du futur

Le défi d'Air Liquide : application digitale uniformisée entre utilisateurs et constructeurs de solution de mobilité hydrogène
Dit plus simplement, Air Liquide demande la création d'une application numérique permettant aux chauffeurs de camions fonctionnant à l'hydrogène de savoir où et quand faire le plein pour perdre le moins de temps possible. « Nous installons actuellement sur le port de Marseille une première plate-forme de rechargement de camions en hydrogène » explique Patrick Dilly, directeur du développement mobilité H2 à Air Liquide. « Trois autres suivront dans la région en 2023, pour alimenter une cinquantaine de camions en 2024. L'application devra prendre en compte des paramètres comme le poids du chargement ou encore les trajets prévus, puis calculer où et quand le chauffeur devra faire son plein ». 

Le défi de la CMA-CGM : outil d'aide à la décision pour l'accélération du passage aux véhicules zéro émission pour les gestionnaires des flottes poids-lourds électriques et hydrogène
« Cet outil croisera deux cartographies : celle des flux de camions entrants et sortants du port et de l'aéroport avec celle des stations hydrogènes et électriques en fonction » annonce Anne-Brigitte Spitzbarth, « SUP HSE et susteinability » à Ceva Logistics (filiale de CMA-CGM). « La start-up gagnante collectera toute une masse de données pour en faire une modélisation graphique ». 

Le défi du port de Marseille-Fos : gérer les déchets dans une économie circulaire
Qu'il s'agisse des navires qui accostent ou des entreprises présentes dans l'enceinte portuaire, de nombreux acteurs produisent des déchets sur les 400 hectares des bassins Est (Marseille) du port. Michael Parra, responsable de la transition énergétique au port de Marseille-Fos, entend « réduire le plus possible les déchets ultimes et créer une économie en circuit court du recyclage ». Il lance donc le défi de « la rédaction d'une feuille de route » qui explique comment faire passer l’écosystème des bassins Est d'une gestion individuelle des déchets par chaque acteur à une prise en compte globale. 

Le défi de Bouygues Elab et Bouygues Énergie et Services : le jumeau numérique moteur de la flexibilité et de la sobriété énergétique
Un jumeau numérique est un modèle virtuel conçu pour refléter fidèlement un objet physique, un processus ou un système. « Ce jumeau numérique prendra en charge la gestion des infrastructures de production et de distribution d'énergies afin d'optimiser la consommation de la totalité des utilisateurs présents sur les bassins de Fos » souligne Christophe Liénard, directeur innovation à Bouygues SA. Il tiendra compte d' une multitude de critères, prix, gestion des pics, besoin de sobriété énergétique, lutte contre le changement climatique... pour garantir aux utilisateurs des ressources énergétiques suffisantes et respectueuses de l'environnement. 

Le défi d'ArcelorMittal Méditerranée : HF-Alert sécurité
« Nous recherchons un niveau supplémentaire d'alerte pour compléter nos dispositifs de sécurité » annonce Binta Boy. La directrice des relations institutionnelles à ArcelorMittal Méditerranée demande aux candidats de plancher sur « un système d'analyse d'images de contrôle, capable de détecter une situation potentiellement dangereuse et d'alerter les opérateurs ». Le dispositif devra croiser intelligence artificielle et analyse comportementale. 

Le défi de SERVAUX : Interface numérique et sécurisée des documents réglementaires du navire

Pour naviguer, chaque navire doit posséder à bord en version papier toute une série de documents régulièrement mis à jour. Leur bonne tenue représente un travail considérable. Martin Féraud, CEO de Servaux, propose aux candidats de créer une interface numérique « susceptible de simplifier la vie des armateurs en gérant numériquement la maintenance préventive et les documents associés à la navigation ». En quelque sorte une check-list qui permettra au capitaine et à l'armateur de vérifier en un coup d’œil que tout est ok et les alertera en cas de défaillance. S'appuyant sur des outils de certification d'authenticité, cette plate-forme remplacerait les documents papier. 

Le défi de RWE Renouvelables France : la valorisation de la filière éolien en mer flottant par le tourisme
La filière éolienne a besoin de montrer au grand public ce qu'est réellement et ce qu'apporte un parc flottant. « Nous souhaitons améliorer l'information sur l'éolien pour rassurer » affirme Aurélie Borel de Larivière, directrice de projet Méditerranée à RWE. « Notre défi consiste à trouver une solution touristique et ludique qui permettre via une simulation dynamique de vivre au quotidien le travail de nos opérateurs en mer ». Le public pourra ainsi assister virtuellement à la construction d'un parc, aux opérations d'entretien et même devenir acteur d'un chantier.  

Le défi Véolia – Hammerson (les Terrasses du Port) : développer l'agriculture urbaine sur les toits des Terrasses du Port
Marie Canton, directrice du centre commercial des Terrasses du Port, souhaite « utiliser les toits terrasses pour de la production agricole ». Le défi est très ouvert car le candidat devra préciser « quel type d'agriculture urbaine y développer, comment utiliser les eaux pluviales, comment créer des circuits courts pour alimenter les restaurateurs du centre commercial, voir du quartier, quel modèle économique mettre en place, comment associer les écoles ». Bref, pour Marie Canton, « il ne s'agit pas uniquement de produire des légumes ». 

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