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1er accélérateur des 146 000 entreprises de la Métropole

Un avenir métropolitain pour la vallée de l’Huveaune ?

La métropolisation des projets serait-elle en marche ? La Communauté urbaine Marseille Provence Métropole et le Pays d’Aubagne et de l’Étoile se penchent ensemble sur le devenir de ce territoire doté d’un fort potentiel productif… métropolitain. Décryptage.
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    Jeudi 16 juillet 2015

    Renouveau industriel, revitalisation, redynamisation… il n’est plus question que de cela : la renaissance de la vallée de l’Huveaune.

    « Nous sommes the place to be », s'amuse Claude Robert, président de l’association d’entreprises Les Entrepreneurs de l’Huveaune Vallée (LEHV) à l’occasion d’une table ronde organisée le 19 juin dernier par Heineken France. « Par le passé, je m’énervais car l’on parlait toujours d’Euroméditerranée et de Cap au Nord (référence à la vallée des Aygalades au nord de la ville, autre berceau industriel de la ville). Désormais, on nous appelle pour savoir s’il y a du foncier disponible », poursuit le représentant des entreprises de ce bassin oublié depuis quelques années.

    « C’est une vallée complexe et malmenée qui demande aujourd’hui beaucoup d’investissements, concède Valérie Boyer, la député-maire de ce secteur (11e et 12e arrondissements de Marseille). La Vallée de l’Huveaune aujourd’hui, c’est Euromed 3 ».

    Les acteurs du territoire rêveraient en effet de pouvoir bénéficier d’une opération d’intérêt national avec injection d’argent public et privé de l’ampleur de celle qui permet au Nord de Marseille de se rêver en futur quartier de La Défense marseillais.

     

    D’inspiration lyonnaise ?

    Mais à l’Est, c’est à un autre destin auquel l’on pe(a)nse. Et l’alchimie économique serait davantage d’inspiration lyonnaise. Les similitudes avec la vallée de la chimie, un territoire de 30 ha en friche en bordure du Rhône à l'entrée sud de Lyon, sont nombreuses même s’il faut garder raison sur les proportions. Mais là bas aussi, une ligne de chemin de fer et l’eau y ont accroché jadis des industriels avant de connaître les heures d’infortune … Pour remettre sur rail industriel ce territoire, le Grand Lyon veut faire de sa vallée de la chimie une référence européenne en matière de cleantech.

    Que la citée phocéenne s'inspire de l'ancienne capitale des Gaules ou non, pour coordonner le projet qui sera déployé sur la vallée de l’Huveaune, les collectivités territoriales ont fait appel au cabinet spécialisé sur les stratégies urbaines INTerland*, celui-là même qui a planché sur la préfiguration du schéma directeur de la vallée lyonnaise.

     

    Trente Glorieuses marseillaises

    Ici, si le temps des hautes cheminées est révolu, elles y firent aussi leur lit dès le XIXe siècle. Depuis plus de 150 ans, la vallée de l'Huveaune est en effet un si ce n’est LE berceau industriel de Marseille, tirant cette légitimité à la faveur d’une voie ferrée qui le relie au port de Marseille et à Toulon, des accès routiers et autoroutiers (N8, A50) et surtout d’un fleuve côtier long de 46 km, prenant sa source dans le Var sur le versant nord du massif de Sainte Beaume, traversant sept communes et se jetant à Marseille dans la Méditerranée.

    « Beaucoup d’entreprises sont parties faute de foncier alors qu’il y avait des friches. C’est ainsi que l’on a perdu Pebeo et les moteurs Baudouin. Tant mieux si aujourd’hui, c’est une priorité économique mais cela n’a pas toujours été le cas », rafraîchit les mémoires Maurice Rey, conseiller départemental des Bouches-du-Rhône du 6e secteur, dont la famille est ancrée sur ce territoire depuis 1867. 

    Les anciens, qui ont vu pousser les usines comme des champignons, aiment lister les références qui ont contribué aux Trente Glorieuses marseillaises : les wagons Codet, la verrerie Quelar, la marbrerie Tinel, la brasserie Phénix (aujourd’hui Heineken), les moulins Maurel (en attente de son sort suite à la décision de Nutrixo de fermer le site de la Valentine), les tuileries Saint-Marcel mais aussi Rivoire & Carré, Nestlé, Panzani, les biscottes Prior, Fralib, Pechiney, Elf-Atochem, Arkema (ex Organico), les ciments Lafarge, etc.

    Puis se sont enchâssés les départs et les menaces de fermetures, dont certaines se sont étirées dans le temps si bien qu’elles résonnent encore aujourd’hui. Au-delà du transfert classique vers des activités de services, ce sont plutôt les grandes enseignes du commerce qui tiennent le marché aujourd’hui.

     

    Un espace-clef à l’échelle métropolitaine

    Certes, le territoire fragmenté entre deux intercommunalités et quatre communes et l’absence de vision commune n’ont pas aidé la prise en charge de ce territoire.

    Dépasser les frontières administratives … la communauté urbaine MPM le Pays d’Aubagne et de l’Étoile, qui partagent ce corridor, se disent prêts désormais à envisager un avenir commun en posant la réflexion à l’échelle de la future Métropole (tant dans l’approche foncière que dans le marketing territorial).

    C'est l'esprit adopté à l'issue du premier comité de pilotage de la Vallée de l’Huveaune, qui s’est tenu en septembre en présence des élus concernés (la mairie centrale et les deux mairies de secteur concernés de Marseille, Aubagne, La Penne-sur-Huveaune et Gémenos). Au-delà de l’acte d’intention, les élus se sont engagés sur la réalisation d’un schéma d’aménagement en termes de déplacement et développement économique qui servira de document de planification à moyen et long terme avec valeur prescriptive pour les documents d’urbanisme (SCOT, PDU, PLU et PLH).

    Pour organiser cette vision d’ensemble « qui fait fi des baronnies » selon les termes dela présidente du Pays d'Aubagne Sylvia Barthélémy, la démarche associe, outre les élus, les collectivités territoriales et l’État, la Chambre de commerce et d’industrie de Marseille Provence (voir encadré), la Chambre des métiers et de l’artisanat, la Chambre d’agriculture, mais aussi le Parc National des Calanques, RFF, la SNCF, la SOLEAM, la RTM, ainsi que des acteurs de la société civile.

     

    Feuille de route en trois axes

    Ce 16 juillet, le second comité de pilotage de la Vallée de l’Huveaune devait entériner la phase 2 du projet (réalisation d’un état des lieux et analyse des enjeux) et ainsi enclencher sur une phase plus concrète : définition des préconisations en vue de co-construire le schéma de référence, dont l’épilogue est attendu mi 2016.

    Les 5 cabinets emmenés par INTerland ont ainsi présenté les grandes lignes d’un plan guide qui décline trois axes de travail : le premier portant sur un thème nature et environnement ; le second sur l’économie et le dernier sur l’urbanisme et la mobilité.

     

    Un positionnement économique entre héritage et nouvelles industries

    Sur le volet économique, l’idée motrice repose sur … l’absence de filières clefs sur laquelle s’appuyer pour asseoir une spécialisation. « Il faut diffuser à l’ensemble de la vallée le positionnement engagé sur Valentine Vallée verte : environnement de qualité et image de vallée verte », préconisent les consultants, qui tronçonnent la vallée en trois : une partie en accroche à la ville-centre (entrée urbaine St Loup/Gare de la Pomme) pour y déployer des activités en support à la métropole ; un corridor vert (Cœur de la vallée –La Valentine/La Penne ) pour des activités en lien avec l’industrie et l’axe Aubagne/Les Gargues/Gemenos (porte métropolitaine et espace de liaison avec l’arrière-pays) pour y héberger « l’excellence industrielle, et notamment autour des technologies médicales. » 

    « Développer une industrie de l’excellence est un axe sur lequel la CCI Marseille Provence et LEVH travaillent déjà, notamment pour en faire un territoire pilote en terme d'économie circulaire et de consommation responsable », relève le représentant de la Chambre de commerce et d’industrie au COPIL de la Vallée de l’Huveaune. D'ailleurs, les deux partenaires viennent d'être retenus dans le cadre de l'appel à projets « Écologie industrielle et territoriale » lancé par l'Ademe et la Région PACA en avril dernier.

     

    Mutation commerciale concertée et innovante

    Quant à l’offre commerciale, qui doit se renouveler « en lien avec la baisse de performances », les marges de manœuvre sont délicates entre La Valentine (115 000 m2 de surfaces de vente) qui doit trouver un nouveau souffle et le centre-ville d’Aubagne à ne pas cannibaliser avec la ZAC des Gargues.

    Immochan, la foncière du groupe Auchan, avait été retenu en octobre 2013 pour aménager cette zone de 40 ha aux portes des Paluds (80 000 m2 de commerces prévus) mais suite au changement de majorité, les élus ont demandé au porteur de projet de revoir sa copie. Les discussions sont toujours en cours.

    Toujours en suspens, également, la volonté d’investissement du groupe Frey sur la zone depuis que le Conseil d’État a retoqué son ensemble de 70 magasins dans la continuité de La Valentine.

     

    Les entreprises s'engagent

    Hasard du calendrier ou pas. Le directeur de la brasserie Heineken de la Valentine n’entend pas attendre pour œuvrer au développement de son écosystème. À l'issue de la table ronde sur la redynamisation industrielle de la vallée de l’Huveaune organisée dans sa nouvelle salle à brasser, William Lermigeaux a annoncé la création d’une commission « Industrie » au sein de LEHV qu’il présidera et qui rassemblera tous les acteurs industriels implantés dans la vallée.

    « Lorsqu’une entreprise a un poids historique et économique aussi important que le nôtre (la brasserie est implantée à La Valentine depuis 1872 et sous l’identité Heineken depuis 1988, NDLR), elle se doit de s’engager pour la pérennité du territoire. Nous avons investi 100 M€ sur ce site depuis que nous sommes implantés », précise-t-il. La Valentine est une des trois brasseries stratégiques du groupe en France avec Lille et Strasbourg et la 2e en volume en France (1,3 Mhl produit en 2014)

    « Cette commission portera des actions sur le plan économique, de l’emploi et des transports. On a des problématiques communes au niveau du recrutement et de l’accessibilité de nos sites », ajoute le directeur régional.

    Depuis le 19 juin, l’initiative marseillaise a essaimé : la brasserie de Mons-en-Baroeul dans le Nord Pas-de-Calais en septembre et celle de Schiltigheim en Alsace en novembre feront elles aussi l’objet d’une « journée vitalité du territoire » !

     

    * INTERland est le chef de file d’un groupement de cabinets mandatés pour le projet : PRC Développement (programmation urbaine logements et équipements), CMN Partners (stratégie développement économique), Clipperton (stratégie et développement commercial), Transitec (mobilités et déplacements) et Soberco Environnement (stratégie environnement).

     

    La Vallée de l'Huveaune en bref

    - Territoire vaste (500 ha, 170 000 habitants) et diffus mixant habitations, commerces, activités de production industrielles et artisanales et espaces naturels,

     - 4 zones d'emplois :

    Marseille 11e - Saint-Menet : 90 ha, 2 300 emplois, 200 établissements (dont 33,3 % industrie, 14,1 % construction, 16,4 % commerces et 38,1 % services dont près de 20 % dans les activités scientifiques,

    La Valentine : 110 ha, 4 000 emplois, 500 établissements (dont 55,4 % de commerces et 30,2 % de services dont 12 % en restauration/ hébergement),

    La Valbarelle - Saint Marcel : 90 ha, 2 700 emplois, 500 établissements : 63,8 % en services, dont transport/logistique : 30,3 % (dont 15 % construction, 12 % commerces, 8,7 % industrie),

    Aubagne – Pôle Alpha : 160 ha, 3 800 emplois, 400 établissements : 51,7 % services ; 22,2 % commerces et 14,5 % industries,

    - Près de 1 500 entreprises, 15 000 salariés.

     

     Avis d’expert : La CCI Marseille Provence défend l'idée d'une « excellence industrielle »

    Comment donner une perspective métropolitaine à ce territoire éprouvé par la périurbanisation, au parc de logements déséquilibré, à l’habitat tendu et aux voies saturées ?

    Dans le cadre du comité de pilotage, la CCI Marseille Provence a fait valoir un ensemble de recommandations pour contribuer à la redynamisation de la vallée de l'Huveaune, qui « représente un potentiel productif important dans la perspective métropolitaine » à condition d’y créer les conditions d'un territoire business friendly et d'y régler certains dysfonctionnements : l’accessibilité de la Vallée et l'offre foncière (peu dense et marquée par des prix élevés, > 80 € HT/m2). Selon le diagnostic, le besoin de foncier économique est de l'ordre de 80 à 90 ha à horizon 2030.

    Comment maintenir et renouveler le tissu économique ?

    « Le maintien et renouvellement du tissu économique reposent d'abord et avant tout sur une offre foncière structurée. Une intervention publique (portage foncier, financement des aménagements...) sera sans doute nécessaire pour débloquer du foncier plus éloigné et à prix attractif pour les entreprises demandant plus de surface et ne nécessitant pas une proximité immédiate de l'agglomération. Mais aussi une réflexion est à mener sur une montée en gamme avec une économie à forte valeur ajoutée, qui soit capable de payer un loyer-prix du foncier plus élevé. Parallèlement, il faudra poser la question de la règle des parkings, plus gros consommateurs d'espaces sur les ZA afin d'étudier des projets de mutualisation entre entreprises.»

    Comment assurer la mutation commerciale ?

    Rappelant que la CDEC/CDAC des Bouches-du-Rhône a autorisé, entre 1990 à 2015, 71 000 m2 de surfaces de vente sur Aubagne et 83 000 m2 sur La Valentine, la CCI Marseille Provence insiste sur la nécessité de requalifier les commerces implantés pour en faire de véritables lieux de vie au quotidien pour les habitants. Cela ne pourra pas se faire sans l’économie d’une véritable politique de transports autour des pôles commerciaux et d’aménagement d’équipements culturels-loisirs avec, outre une nouvelle infrastructure de transport en commun en site propre performant (hors ligne ferrée), un maillage avec des transports doux piétons et vélos. « L'amélioration des déplacements (transports en commun, routiers et cheminements doux) est le levier pour le développement qualitatif du secteur et ainsi, attirer des investisseurs. Un cercle vertueux pourrait alors s'enclencher ».

    Quelle place pour la culture et le tourisme ?

    L'historique de la vallée (usines agroalimentaires le long de l'Huveaune...) représente un potentiel intéressant à développer en terme de tourisme industriel. Le site pourrait être aussi exemplaire sur le réaménagement de berges en aménageant par exemple un cheminement piéton et vélo le long de l'Huveaune afin de créer un circuit touristique « entre nature et industrie ».

    La Vallée de l'Huveaune est en frange de zones de biodiversité classées Natura 2000 (massif des Calanques et Garlaban) et possède en outre un patrimoine bâti : châteaux de la Buzine et de la Reynarde ainsi que des vestiges archéologiques (Oppidum du Baou de Saint Marcel, Castellum Massiliense, pilier romain sur l’Huveaune...).

     

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