Révolution copernicienne
Le monde a basculé d'un modèle 2.0, celui de la deuxième révolution industrielle (des années 1880 à la décennie 1970) provoquée par l'électricité et le moteur à explosion à un modèle 3.0, marqué par la troisième révolution industrielle dans laquelle l'activité, les modes opératoires, les systèmes de production et les processus d’innovation sont révolutionnés par l'informatique, Internet et les logiciels en réseau.
Changer de modèle
Pour entrer dans ce monde 3.0, qui transforme tout à la fois les systèmes économiques, sociaux et culturels, les entreprises doivent se réorganiser pour s’adapter aux mutations, et la France, changer de modèle au risque d’un déclassement fatal. Le changement de donne économique ne pourra pas faire l’économie d’une transformation des institutions.
Cerveau d’œuvre
L’ensemble des mutations en cours provoque l'avènement de l'iconomie entrepreneuriale, un nouvel écosystème socio-économique dans lequel les technologies (grappes d’innovation de rupture qui définissent chaque révolution industrielle) redéfinissent l’équilibre entre les facteurs de production. Le cerveau d’oeuvre remplace la main d’oeuvre.
Course à la valeur ajoutée
Dans cette nouvelle nature d’économie, l'entreprise se retrouve au coeur d’un écosystème favorisant les interactions entre entrepreneurs et capitaux-risqueurs d’une part et entre investisseurs, chercheurs, développeurs, ingénieurs et opérateurs de production d'autre part … afin de développer en permanence de nouveaux produits et services.
Règne des NBIC
Il y a quatre domaines, où le changement scientifique et technique a été particulièrement rapide, et dont l’essor a fortement influencé la prospérité des territoires : les NBIC pour Nanotechs (science de l’infiniment petit) ; Biotechs (savoirs du vivant) ; Technologies de l’Information et de la communication (numérique, électronique et médias) et Technologies cognitives (centrées sur le cerveau).
Métropole connectée
La mutation vers l’iconomie s’accompagne par la métropolisation de la croissance. Cette économie s’enracine essentiellement dans les métropoles connectées bénéficiant d’une intégration harmonieuse des transports, des activités et de l’habitat.
Architecture territoriale
Cette nouvelle donne va réorchestrer, au cours des 15 prochaines années, les rapports de force entre les métropoles selon leurs capacités à s’inscrire dans cette dynamique. Aix-Marseille-Provence, dans la nouvelle architecture territoriale dessinée par l’économiste, apparaît dans le premier cercle des « métropoles naturelles » avec Paris et Lyon.
Potentiel
Deux projets structurants montrent que la Métropole Aix-Marseille-Provence est déjà entrée dans la 3e révolution industrielle : Projet Henri-Fabre et Marseille Immunopôle. Le potentiel productif métropolitain s’appuie en outre sur sept filières en expansion : l’aéronautique, le numérique, le transport-maritime-logistique, l’énergie, la santé, l’eau et l’environnement, l’art de vivre et le tourisme.
Leadership méditerranéen
Aix-Marseille-Provence doit capitaliser sur sa position géostratégique et la dynamique du développement dans le bassin méditerranéen pour prendre le leadership économique et scientifique en Europe du Sud. Elle bénéficie pour cela d’une fenêtre de tir historique au regard des investissements entrepris le long des routes stratégiques du transport maritime mondial avec la réorganisation des flux logistiques mondiaux consécutive à la saturation des ports du Nord de l’Europe, le doublement du Canal de Suez et le développement attendu de l’Afrique.
Dysfonctionnements
Elle a toutefois des dysfonctionnements à régler de toute urgence, à commencer par l’inadaptation et l’engorgement des réseaux de transport et l’insuffisance de l’offre de logements abordables.
Master plan
Un Master plan structurant sur 10 ans, piloté par la Métropole, permettrait de développer simultanément l’offre foncière et immobilière, construire les infrastructures portuaires nécessaires pour permettre au port de tripler son trafic de conteneurs et développer son hinterland, d’ajuster l’offre de transports en commun en interconnectant les principaux bassins de vie et d’emploi et enfin, d’accélérer la construction de logements intermédiaires.
Orientations
Pour ce faire, il faut être en mesure d’adopter très rapidement un pacte de gouvernance et financier afin de préciser les orientations qui pourraient servir de base à la préparation du Master plan. Le contenu serait ainsi négocié de novembre 2015 à mars 2016 pour une réalisation des chantiers à mener entre 2016-2027.
Pacte fiscal
Afin de financer l’ambition de faire d’Aix-Marseille-Provence la capitale iconomique du bassin méditerranéen à horizon 2030, les autorités métropolitaines devraient alors s’accorder sur un pacte budgétaire et fiscal permettant de doubler sa capacité d’autofinancement nette, estimée aujourd’hui à 280 M€ (données 2013), pour le budget 2018, ce qui placerait la Métropole dans la moyenne, et de l’augmenter ensuite de 100 M€ annuellement pour atteindre 700 M€ en 2020.
Pacte financier
L’économiste envisage deux scénarii financiers : le premier permettrait de dégager une enveloppe d’environ 14 milliards d'euros sur la période 2020-2030 et le second, de 20 milliards. Cette volonté se matérialiserait par le premier contrat de plan Métropole-Région-Département-État.
Gouvernance
Dans la future gouvernance, cinq compétences stratégiques ne seront pas « délégables » : définition du projet métropolitain, mobilité, aménagement et développement économique, environnement et énergie, gestion des déchets. La Métropole devra ensuite déléguer aussi largement que possible toutes les tâches de gestion aux Conseils de territoire.
Euro-région
La réussite d’Aix-Marseille-Provence, qui se manifesterait par l’accord sur les pactes de gouvernance et financier à l’automne 2015 et la réalisation d’un Master plan de développement d’ici au printemps 2016, pourrait enclencher d’autres initiatives politiques majeures : comme celle de favoriser l’émergence d’une future Euro-Région monde avec deux autres pôles métropolitains : Saint-Étienne-Lyon-Grenoble et Nice-Antibes-Cannes.