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1er accélérateur des 146 000 entreprises de la Métropole

Comment Total écrit sa transition énergétique sur l’étang de Berre

A l’annonce de la reconversion en bioraffinerie de la raffinerie de Total à La Mède, beaucoup se sont inquiétés de ses impacts pour l’emploi et la sous-traitance. Mais en construisant une unité de taille mondiale et des installations nouvelles, le groupe pétrolier ouvre des perspectives inédites.
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    Mercredi 18 juillet 2018

    Hier, une usine de raffinage qui perdait 100 millions d’euros par an et courait vers le risque d’une fermeture définitive pour ses 450 salariés et ses sous-traitants. Aujourd’hui, un site industriel complètement remodelé autour d’une bioraffinerie de taille mondiale en cours de finalisation, des activités génératrices de nouvelles ressources et des centaines d’emplois directs et indirects garantis pour plusieurs années. Total a fait le choix d’une « solution d’avenir pérenne » pour sa plate-forme de La Mède, pas d’un projet « greenwash » sans perspective. Comment pourrait-il en être autrement pour une multinationale qui ose y affecter 275 millions d’euros ? « A notre connaissance, le plus gros investissement industriel dans la région après ITER, souligne le directeur du site, François Bourrasse. Total veut devenir une major de l’énergie responsable. Cette bioraffinerie, la seule du groupe dans le monde, va devenir le point focal de sa stratégie « biocarburants » en Europe et créer de la valeur ajoutée localement, en contribuant pleinement à la transition énergétique ». « La France consomme 3 millions de tonnes de biocarburants mais en importe la moitié. Le pays a besoin de ces procédés. Fabriquer ici fait gagner deux fois, sur les matières premières et sur les produits finis. Nous sommes vraiment sur un projet d’avenir » renchérit Jean-Michel Diaz, délégué Méditerranée de Total Développement Régional. Avec les autres nouvelles unités qui ont vu le jour, Total va irriguer une économie provençale de plus en plus tournée vers les énergies de demain et accroître son attractivité. Avec de premières preuves à l’appui. 

     


    Adaptation des compétences


    Construire, mettre en service et entretenir une bioraffinerie apte à produire chaque année 500 000 tonnes de biodiesel HVO à partir d’huiles végétales, d’huiles alimentaires usagées ou de résidus graisseux (déchets, industrie papetière…) implique d’abord un large panel de compétences. Total s’est efforcé pour ce chantier de les trouver à proximité puisque la direction soutient avoir attribué 70% de ses marchés de travaux et matériels (hors études) à des sociétés du sud-est. Certains métiers restant à réadapter aux spécificités d’une telle unité, Total forme ses salariés, mais aussi ceux d’entreprises extérieures. La reconversion de la plate-forme de la Mède avait prévu la réalisation d’un centre de formation, Oleum Sud, versant sudiste de son homologue du Nord opérationnel depuis 2011, pour développer les talents dans l’exploitation, la maintenance, l’inspection, la sécurité… à la fois en installations réelles et sur des technologies numériques. Les modules ont été conçus par l’Institut Français du Pétrole – Energies Nouvelles (IFPEN). Depuis son ouverture en octobre 2017, plusieurs sessions s’y sont tenues. Environ 2 500 stagiaires de tous horizons le fréquenteront chaque année. « Ce sont 10 000 nuitées en retombées pour le territoire, pointe François Bourrasse qui souhaiterait un accroissement de l’offre hôtelière autour du site. Notre stratégie est de faire venir des personnes du monde entier pour se former chez nous ». 

     


    Filières nouvelles


    L’approvisionnement de l’unité en huiles végétales vierges apportera un trafic régulier au Grand Port Maritime de Marseille, même s’il restera sans commune mesure avec les flux passés de pétrole brut (le port étudie actuellement les impacts). La bioraffinerie pourra traiter 650 000 tonnes. Total plafonnera ses achats d’huile de palme à 50% des volumes de matières premières nécessaires à sa bioraffinerie et privilégiera des huiles certifiées durables pour ne plus être soupçonné de participer à la déforestation en Asie. Soit 300 000 tonnes par an, pour produire 500 000 tonnes de biodiesel HVO. « Nous communiquerons chaque année pour montrer notre volonté de transparence sur le sujet car il n’y aura pas que de l’huile de palme » promet François Bourrasse. Des huiles de colza, tournesol, soja, maïs ou carinata complèteront les volumes. Pour obtenir la qualification de biocarburant, le référentiel exige une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 50% par rapport à un carburant classique. « Toute l’empreinte carbone est prise en compte, de la terre au bout du tuyau d’échappement ! C’est forcément bon pour l’environnement. Les pays scandinaves l’ont compris : 100% des bus roulent déjà avec ce type de produits » confie Jean-Michel Diaz. Pour les huiles usagées, une filière est à constituer pour les collecter en France et les traiter sur le site. Un partenariat a déjà été conclu avec Suez pour une unité de pré-traitement des huiles usagées qui devrait fournir 20 000 tonnes à l’unité. La bioraffinerie leur offrira un débouché durable. L’objectif, à terme, est d’atteindre une collecte de 100 000 tonnes. Et c’est en Provence que ça se passera !

     


    Impacts induits


    L’atelier de production de l’additif AdBlue mis en service dans quelques semaines possèdera une capacité de 50 000 tonnes. Ce produit réduit les émissions d’oxyde d’azote (NOx) dans les gaz d’échappement des moteurs diesel. La transformation d’une unité de reformage (traitement de fractions légères du pétrole) permettra de fournir 60 000 tonnes par an d’AvGas à l’aviation civile. Depuis la plate-forme logistique et de stockage pour 1,3 million de mètres cubes de carburants, fuel domestique et carburants d’aviation, les prestataires logistiques pourront continuer à desservir les stations-service de Provence-Alpes-Côte d’Azur et les différents clients. « Le produit ne sera disponible en France que chez nous, insiste le directeur. Les liens entre la bioraffinerie et le dépôt seront très forts ». Enfin, la centrale photovoltaïque de 8 MW, développée sur 12 hectares, permet à Total d’afficher une autre de ses expertises : cette ferme de 18 000 panneaux fonctionne avec la technologie de SunPower, sa filiale, dans le solaire. L’électricité produite est réinjectée sur le réseau. 

     


    Implication accrue


    En pérennisant sa présence en Provence, le groupe se pose en locomotive d’activités industrielles nouvelles. Auparavant plutôt discret sur l’étendue de son ancrage local, il s’est évertué à l’approfondir depuis l’annonce de la reconversion en avril 2015. Total Développement Régional a accordé 2,5 millions d’euros de prêts à 40 PME porteuses d’un millier d’emplois créés ou prévus dans les Bouches-du-Rhône. Avec l’appui de la CCIMP, 23 sociétés pour lesquelles le projet de reconversion pouvait générer une menace sur leurs activités futures ont signé une convention avec Total pour bénéficier d’actions personnalisées destinées au maintien de l’emploi et à la diversification de leurs clients et marchés. Elles seront accompagnées jusqu’en décembre 2019. Plus de 50 actions ont été mises en œuvre. « Aucune de ces entreprises n’est considérée à risque aujourd’hui » se réjouit le délégué Méditerranée de TDR. Une « charte emploi local » a permis à 80 sociétés provençales d’identifier et recenser leurs besoins de formation et de recrutement. « Nous voudrions aussi créer dans le département une Ecole de Production destinée à aider des jeunes de 15-18 ans en rupture scolaire à obtenir un CAP ou un BEP pour accélérer leur insertion professionnelle » poursuit-il. Une partie de la plate-forme de la Mède est proposée à des investisseurs dans le cadre de l’appel à manifestation d’intérêt « Provence Industry’Nov » pour des projets dans l’efficacité énergétique, la biochimie, l’écologie industrielle appliquée… Total s’implique aussi aux côtés de start-ups innovantes, à l’image d’Ecoslops qui va déployer sur la Mède une unité de micro-raffinage de résidus pétroliers de navires (eaux chargées en hydrocarbures des navires) pour les recycler en carburants marins. D’une capacité de 30 000 tonnes, elle doit ouvrir début 2019 selon Ecoslops. Total détient 25% de son capital. Le groupe s’associe encore au devenir de PIICTO à Fos-sur-Mer pour attirer des bioindustries. Une volonté d’exemplarité qui creuse un nouveau sillon de croissance en Provence et que la CCIMP valorisera dans sa nouvelle campagne, « Je suis l’industrie ». « Notre maison sera le porte-voix du renouveau industriel sur le territoire » promet Maurice Wolff, vice-président délégué aux filières et grands projets métropolitains. 

     

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