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Hôpitaux privés : Vers la fin de l'actionnariat de médecins ?

La résilience du secteur aiguise les appétits des fonds d’investissement. Est-ce la fin de l’actionnariat de médecins ? En PACA, la moitié des établissements privés en médecine, chirurgie et obstétrique seraient encore indépendants.
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    Mardi 19 janvier 2016

    Depuis un peu moins de deux ans, sous la contrainte de pressions réglementaires et de marges atrophiées, l’hospitalisation privée est en proie à un mouvement de consolidation XXL qui recompose (notamment par la constitution de grands pôles régionaux) l’écosystème de ce secteur où la liberté d’entreprendre est strictement encadré et les tarifs sont administrés.

    Représentant un tiers des séjours MCO (médecine, chirurgie et obstétrique) et un quart des capacités d’hospitalisation en France, le nombre de cliniques MCO aurait, selon la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP), diminué de 44 % en 20 ans et 32 % des cliniques seraient aujourd’hui déficitaires.

     

    Fin de l’actionnariat de médecins

    Selon la Fédération, sur les quelque 1 100 cliniques en MCO et de SSR (soins de suite et de réadaptation, ex-moyens séjours) que compte l’Hexagone, 500 appartiennent à des opérateurs nationaux ou multirégionaux. 470 sont des structures de deux établissements en moyenne et le solde, des exploitants régionaux présents sur au moins deux territoires. La plupart des cliniques encore indépendantes sont détenues par des familles ou des médecins, comme c’est le cas pour la Polyclinique du Parc Rambot, dont le capital est détenu par 6 médecins à 98 %. Les dernières opérations ont vu précisément se substituer à cet « actionnariat des médecins » un nouveau modèle sous l’égide des fonds d’investissement, « qui ne sont pas dans une logique de pérennité et cherchent des taux de rentabilité très rapides. Nous défendons une vision territoriale en vue de créer un grand pôle hospitalier efficace sur le long terme », oppose le docteur Jean Lacoste, PDG de la Polyclinique du Parc Rambot (PPR), qui fédère trois établissements indépendants basés à Aix-en-Provence, et revendique 50 % de parts de marché en chirurgie sur son bassin de proximité (350 000 habitants dans le Pays d’Aix).

     

    Des méga deals

    2014 a été animée par deux opérations significatives pour le secteur : l’OPA menée par le groupe australien Ramsay sur le leader du marché français, Générale de santé et ses 115 établissements (une opération à 945 M€), et la fusion de Medi-Partenaires et Medipole Sud Santé sous MediPôles Partenaires, qui regroupe une soixantaine de cliniques dont 35 en MCO.

    Le premier ensemble possède 16 établissements en Provence-Alpes-Côte d’Azur (dont Clairval, Beauregard, Monticelli, la Résidence du Parc, cliniques souvent citées dans les classements nationaux pour leur « excellence » dans certaines pathologies). Le second détient 5 cliniques régionales.

    En 2015, sous la houlette de Bridgepoint, le n°3 (Vitalia) a été racheté pour 950 M€ par le n°5 Vedici (lui même, objet d’un LBO de 400 M€ avec CVC Capital Partners peu de temps auparavant). L’ensemble a donné naissance au 2e acteur hexagonal de l'hospitalisation privée (81 établissements dont 66 en MCO) avec 12 % de parts de marché et un CA consolidé de 1,2 Md€. Vitalia possède notamment les cliniques Bouchard et Wulfran Puget dans les Bouches-du-Rhône (citations dans les classements) et Notre-Dame, dans le Var.

    La recherche d'économies d’échelle (sur les achats), d’une capacité à attirer les meilleurs chirurgiens et d’un pouvoir de négociation accrue auprès des autorités de tutelle (notamment l’ARS, Agence régionale de santé, décisionnaire en matière de politique régionale de santé) motivent ces opérations, qui, pour certaines, se sont accompagnées par des investissements dans des équipements de pointe pour se positionner sur les technologies innovantes mais aussi par des cessions immobilières (actif précieux en terme de valorisation).

     

    Stratégie poly-régionale

    Au fil de l'eau et au grè d'opérations, Almaviva est devenu un acteur majeur de la région PACA, Vedici de la moitié Ouest, MediPartenaires de la moitié Sud, GBNA du Nord Aquitaine, Avenir Santé de la Bourgogne ou encore Vitalia dans les villes moyennes de province. Parmi les établissements en pointe, Almaviva possède notamment à Marseille la centenaire Clinique Juge (depuis 2010) et Chantecler, créée par la famille Corti, depuis 2007.

    Selon la FHP-MCO, l’hospitalisation privée en PACA et Corse (30 000 salariés, plus de 1 500 médecins salariés, plus de 6 000 médecins libéraux) présenterait « la particularité d’avoir autant d'établissements indépendants que faisant partie d'un groupe ». 39 des 74 établissements MCO seraient indépendants contre 35 appartenant à des groupes. Pour la seule région Provence-Alpes-Côte d’Azur, les hôpitaux et cliniques privés disposeraient d’une part de marché de 29 % en médecine, de 59,2 % en chirurgie (10 points de moins qu’en Rhône-Alpes ou Languedoc-Roussillon par exemple mais plus de trois points qu’Ile-de-France) et 33,2 % en obstétrique.

     

    Cas atypiques

    Né atypique car fondé en 1919 à Marseille par l’abbé Jean-Baptiste Fouque, l’Hôpital Saint-Joseph (deux établissements) se revendique le « premier hôpital privé à but non lucratif de France par l’activité » (2 439 employés, première maternité régionale avec 4 583 naissances en 2014). Après avoir été géré par une fondation, il est depuis depuis 2003 régi par une association, administrée par des bénévoles (pour l’organe délibérant) et des professionnels-experts (qui constituent l’équipe de direction).

    La Clinique et l'Hôpital de La Ciotat ont pour leur part entamé un processus de rapprochement sous la forme d'un pôle de santé public-privé, autorisé par l'Agence régionale de l'hospitalisation en 2005, et ont constitué un groupement de coopération sanitaire (GCS), qui s’est concrétisé par la construction d’une nouvelle clinique en 2012.

     

    Groupe coopératif

    « La seule solution pour maintenir notre niveau de rentabilité est d’améliorer notre productivité, explique encore Jean Lacoste. Cela passe par de l’innovation dans l’organisation (gérer les effectifs avec le plus de flexibilité possible), dans l’optimisation de nos achats, dans la prise en charge du patient (transfert sur l’ambulatoire) ou encore la réduction des coûts fixes (fermeture samedi et dimanche, suppression du brancardage…).

    PPR, qui a choisi d'adhérer au groupe coopératif Cité Santé (73 établissements indépendants), n’exclue pas « des opérations de croissance externe dans un contexte géographique précis mais la plupart appartiennent déjà à de grands groupes. Une autre tendance forte est le développement de services externalisés, tels que l’hospitalisation à domicile où la psychiatrie », note le spécialiste, sans savoir vraiment s’il se positionne en tant qu’observateur du marché ou potentiel acteur.

    Selon les professionnels du capital investissement spécialisés dans le secteur, les opérations de consolidation devraient évoluer vers une diversification des activités médicales (court, moyen et long séjour) ainsi qu'une ouverture sur l’Europe.

    A.D

     

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