Après Urgence Eau et Urgence Energie au Palais de la Bourse, la CCIAMP a convié le 30 septembre les entreprises du territoire à l’événement Solutions Eau Energie en partenariat avec la Fondation MMA, ATEE, Agence de l’Eau, EDF, GRDF, Omnegy. Avec 170 rendez-vous B2B programmés, ce temps fort de la rentrée a permis de nombreuses mises en relation avec les entreprises offreuses de solutions.
Trois tables rondes était proposées pour s'informer, trouver des solutions concrètes grâce à des experts et des partages d'expérience, dont la présentation de l'étude régionale Comment les entreprises de PACA peuvent s'adapter à la raréfaction de la ressource en eau, pilotée par la CCIAMP, et réalisée par le réseau des CCI de PACA avec le soutien de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse et de la Région Sud.
« Nous passons en mode solutions pour agir collectivement et durablement. Chaque euro investi, ce sont 8 euros de dommages potentiels en moins » a évoqué Olivier Cebe, membre associé de la CCIAMP, en rappelant combien les problématiques d’eau et d’énergie rejaillissent aujourd’hui sur l’activité des entreprises, avec l’augmentation des charges de fonctionnement, l’alourdissement des réglementations, la fréquence accrue des aléas climatiques et de leurs coûts associés…
Par ses conséquences éventuelles, la perspective de voir les températures progresser de 4 degrés d’ici à la fin du siècle n’a rien pour rassurer. Déléguée générale de la Fondation MMA « Entrepreneurs du Futur », Sylvie Bonello ose néanmoins y voir une opportunité pour faire émerger en Méditerranée « un laboratoire de solutions durables » sur une approche plus raisonnée des ressources en eau et énergie, voire plus sobre et circulaire, en exploitant chaque résidu ou déchet d’une activité comme une matière valorisable dans d’autres.
L’étude consulaire « Comment les entreprises de Provence-Alpes-Côte d’Azur peuvent s’adapter à la raréfaction de la ressource en eau ? » atteste que le sujet préoccupe, même si les tarifs d’accès à l’eau n’ont pas (encore) subi les hausses de ceux de l’énergie.
« Le prix au mètre cube va augmenter dans les prochaines années » avertit déjà Pascal Laurens, directeur commercial de la Société des Eaux de Marseille. Il appelle à la préparation et l’engagement au plus vite de « plans de sobriété hydrique » : monitoring de son réseau avec des sous-compteurs, identification des procédés les plus consommateurs, détection de fuites, recyclage et réutilisation d’eaux usées…
« Au contraire du bilan carbone, l’empreinte eau est peu connue, mais elle va l’être » assure Claudie Bousquet, consultante en stratégie de développement économique de la CCIAMP, pour qui « les impacts potentiels des risques liées à l’eau sont 5 fois plus élevés que les coûts associés à l’inaction » (réduction de production, fermetures partielles…).
Entre 2002 et 2018, les ressources renouvelables en eau en France ont diminué de 14% et une réduction supplémentaire de 10% à 40% est attendue d’ici 2070. Selon l’étude qui porte sur 14 000 entreprises régionales, notre région ne sera pas épargnée en raison d’une « ressource inégalement répartie » entre bassins de Durance et du Verdon et zones côtières.
De plus, l’Etat réclame aux entreprises de diminuer leurs prélèvements d’eau de 10% à l’horizon 2030. Or, à l’heure actuelle, l’étude relève qu’à peine 37% des entreprises ont déjà engagé des économies d’eau sur leurs sites. Dans l’industrie, à l’origine du tiers des volumes d’eau consommés pour des activités économiques, l’agroalimentaire et la parfumerie-cosmétique seraient particulièrement « vulnérables » par leur dépendance à la ressource (16% de la consommation d’eau de l’industrie régionale).
Christophe Lowezanin, analyste de données de la CCIAMP, note « une illusion de l’abondance. Sauf si elle a déjà expérimenté l’impact d’une restriction avec un arrêté sécheresse, une entreprise ne fait pas de sa gestion de l’eau une priorité ».
Cette étude ouvre la voie pour ne pas s’exposer à des menaces rédhibitoires demain, de la motivation de la direction et des personnels à l’évaluation précise des performances des actions mises en œuvre.
Heineken, à Marseille, en fournit un exemple sur sa brasserie de La Valentine. Il faut généralement 12 litres d’eau pour un petit brasseur pour fabriquer un litre de bière. « Sur notre site, nous devrions terminer 2025 à 2,8 litres pour un litre et nous visons les 2,6 litres à 2027, explique Frédéric Cabrera, le directeur. Nous avons beaucoup investi. La Valentine fait mieux que les trois autres brasseries Heineken en France ». En jouant sur les bonnes pratiques et la « circularité de l’eau » par sa réutilisation autant que possible, l’unité a fait chuter sa consommation de 15% entre 2020 et 2024. « Plus vous montrez que vous avez investi dans la sauvegarde de l’eau, plus vous serez considérés comme sérieux en cas de crise » ajoute le dirigeant. Les assureurs y seront attentifs.
Au nom du groupe COVEA, Xavier Gueguen, directeur performance économique, a détaillé les quatre périls (inondation, tempête, sécheresse, grêle) que les bouleversements climatiques allaient accentuer. Il estime la hausse de la sinistralité annuelle d’origine climatique à + 60% à 2050 sur la sécheresse, + 110% sur les inondations… Dans des zones d’activités, les conséquences seraient dramatiques, comme l’a relevé François Chappaz (EPAGE HUCA). « En cas de crue décennale du Fauge, 500 bâtiments du millier comptabilisé sur la zone industrielle des Paluds à Aubagne et le Parc d’activités de Gémenos seraient inondés. Ils seraient 750 avec une crue centennale ». Comme l’ADEME, l’Agence de l’Eau ou la CCIAMP, lui aussi conseille d’opérer sans tarder un diagnostic d’exposition au risque et d’initier un plan d’action…
« Procrastiner » n’est pas plus judicieux en matière de consommation énergétique avec l’explosion des factures et l’impératif de décarbonation. « Mieux vaut agir que subir » souligne Julien Tamssom, directeur général d’Omnegy.
« L’électrification est le levier le plus efficace pour mener sa transition » complète Gérald Cotinaut, directeur régional Développement et Territoires d’EDF. Les possibilités prolifèrent pour atténuer sa dépendance aux énergies fossiles dans l’industrie : récupération de chaleur fatale, production de vapeur décarbonée, hydrogène...
Virginie Lesueur, déléguée territoriale de GRDF, liste les potentialités des pompes à chaleur hybrides, du gaz vert, « énergie produite localement » à partir de déchets (alimentaires, agricoles…), sans avoir à modifier ses installations. « Aujourd’hui, on sait régénérer des déchets pour refaire de la matière première, tant pour des PME que pour de gros industriels » indique aussi Damien Morote, directeur développement commercial sud de Chimirec à Beaucaire. Ingénieur d’affaires Industrie chez Okwind, Alexandre Poix invite à explorer les attraits de l’autoconsommation énergétique, grâce au photovoltaïque, et à stocker l’électricité produite sur batterie. « Des applications permettent de piloter ses propres usages pour accroître son autoconsommation » dit-il.
« Diverses solutions de financement existent pour solariser des toitures ou des parkings » prolonge Armand Fresnais, directeur d’Irisolaris à Rousset. Directrice marketing de Ravoire, négociant de vins de la Vallée du Rhône, de Provence et de Corse, à Salon-de-Provence, Alexandra Parfus s’attend à couvrir à terme 45% des besoins énergétiques de l’entreprise grâce à l’installation de 2 500 m2 de panneaux photovoltaïques en toiture. Mais la décarbonation passe aussi par l’expérimentation d’autres modes de fonctionnement. Ravoire a constaté, dans son bilan carbone, que 49% des émissions de CO2 de l’entreprise provenaient de ses emballages, ses bouteilles de verre en quasi-totalité. Elle a donc déployé un système de consigne sur ses bouteilles pour atténuer sensiblement ses rejets de CO2. « Les taux de retours avoisinent aujourd’hui 45 à 55% en distribution. La bouteille retrouve une 2ème vie. Nous espérons mettre en place la récupération sur tout le Sud-Est » confie-t-elle.
La Caisse d'Epargne CEPAC et le CIC ont également présenté des solutions de financement adaptées pour les entreprises qui souhaitent entreprendre une démarche de transition écologique et énergétique.
Marie-Laure Pluvy, conseillère entreprise en transition écologique à la CCIAMP, a détaillé les différents dispositifs proposés par la chambre pour éclairer le chemin des entreprises, tant sur l’eau que sur l’énergie : diagnostics, formations-actions, accompagnement au financement… Il suffit de solliciter l’accompagnement des experts de la CCIAMP pour gagner en compétitivité et performance !