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1er accélérateur des 146 000 entreprises de la Métropole

Une stratégie climat : opportunité ou obstacle pour les entreprises ?

 Comment faire rimer rentabilité avec responsabilité ? Le dérèglement climatique peut-il devenir une opportunité pour développer les entreprises et les emplois ? L'atelier, organisé par la CCIMP dans le cadre de MedCop21, a contribué à l'agenda des solutions.
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    Samedi 6 juin 2015

    En Méditerranée, le développement durable est à la fois un luxe et une exigence vitale.

    « Un luxe de pays du Nord », amorce Omar Ettaieb, directeur général d’une société franco-tunisienne dans le secteur des énergies nouvelles, « les entreprises autour de moi ne sont pas très imprégnées par cette problématique. Elles ont bien d’autres problématiques à gérer : les difficultés économiques, les problèmes sociaux, les conflits ...», poursuit le dirigeant qui s’est rapproché à l’occasion de sa privatisation et dans le cadre d’un compagnonnage du groupe marseillais Giordano Industrie.

     

    Entre 3 à 5 % du PIB

    « Une exigence vitale pour le développement économique de la région », clament tous les rapports des institutions gravitant autour de la Méditerranée (dont le document cadre : « Stratégie méditerranéenne pour le développement durable »*), mais aussi pour mettre un terme à sa dégradation, qui coûterait chaque année entre 3 à 5 % de son PIB selon la Banque mondiale.

    Selon les études, la pression environnementale dans les régions côtières de la Méditerranée va s’accentuer considérablement dans les 20 prochaines années, en particulier du fait du tourisme avec 137 millions de visiteurs supplémentaires attendus, des transports qui devraient plus que doubler en volume, de l’urbanisation avec 90 millions d’habitants en plus d’ici 2025 ou des infrastructures énergétiques.

    Encore très largement dépendante des énergie fossiles, la consommation énergétique des pays méditerranéens a plus que doublé depuis 30 ans et la structure tarifaire et fiscale n’incite toujours pas à l’économie d’énergie. Si cette tendance se poursuit, la contribution de la Méditerranée au total mondial des émissions de gaz à effet de serre pourrait passer de 7 à 9 % alors que la région dispose d’un potentiel significatif en énergies naturelles renouvelables (solaire, éolien,...).

     

    Maroc : acteur de référence en matière de politique climatique

    À ce jour, le Maroc, qui accueillera en 2016 la 22e conférence de la convention des Nations unies sur les changements climatiques (MedCop 22), fait figure d’acteur de référence en matière de performance de politique climatique, a rappelé Bachir Madhi, le directeur général de la CCI de Tanger et président à l’ASCAME (Association des Chambres de commerce et d'industrie de la Méditerranée) de la Commission « Énergies renouvelables ».

    Le 2 juin, le pays s’est même engagé, dans la perspective de la conférence de Paris en décembre, à réduire de 13 % (p/r à 2010) ses émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030 au moyen d'un investissement de 10 Md$.

    Son plan vert adopté en 2014 prévoit par ailleurs de porter à 42 % d’ici 2030 la part des énergies renouvelables dans le mix national. Le royaume construit actuellement la centrale solaire Noor, qui, avec ses 500 MW, sera la plus grande au monde, et réduit parallélement les subventions accordées aux carburants fossiles.

     

    Faire rimer rentabilité avec responsabilité

    « Le lien entre l’environnement et l’économie est au cœur des enjeux auxquels sont confrontés les pays méditerranéens. Les entreprises, perçues de prime abord comme des sources d’émissions polluantes, s’inscrivent pourtant dans des démarches d’amélioration de leur impact environnemental et, plus largement, sociétal, de plus en plus perçues comme vecteur de performance et d’emplois. Par ailleurs, ce sont les entreprises qui proposent la majorité des produits et services, souvent très innovants, permettant de lutter contre le changement climatique, développant ainsi les nouvelles filières de « l’économie verte » fortement génératrice d’emplois non délocalisables », place le débat Philippe Zanin, directeur des partenariats à la CCIMP.

    C’est précisément sur la thématique des entreprises méditerranéennes face au défi climatique que la CCIMP a choisi de contribuer à MedCop21, le forum de la société civile méditerranéenne pour le climat accueilli par la Région ces 4 et 5 juin en amont de la 21e Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques que la France présidera du 30 novembre au 11 décembre de 2015.

     

    Les investissements dans les technologies propres ont augmenté de 19 %

    « Aujourd’hui, l’accompagnement des entreprises de ces pays se limite à du transfert de technologie alors qu’il serait plus judicieux de faire du capacity building », relève Elisabeth Lacille, fondatrice du cabinet conseil Utopies, spécialisé dans le développement durable. « En 2012, selon un rapport de la Banque mondiale (Développer des industries vertes compétitives : L’aubaine des technologies climatiques propres pour les pays en développement), les investissements dans les technologies propres ont augmenté de 19 % dans les pays en développement (112 Md$ par an), alors qu’ils baissaient globalement de 12 % au niveau mondial (244 Md$ par an). Ce rapport confirme les opportunités offertes par ce marché, tant pour améliorer l’employabilité de ces pays que la performance des entreprises.»

    Dans la prochaine décennie, les investissements attendus dans ces pays atteindront selon la Banque mondiale 6 400 Md$, dont environ 1 600 Md$ accessibles aux PME.

     

    7 Md€ investis seulement en 10 ans

    « Certes, la tendance est en croissance mais il y a encore beaucoup à faire pour promouvoir les investissements directs étrangers dans ces thématiques qui totalisent seulement 170 projets en 10 ans et 75 partenariats, soit 7 Md€ investis sur la décennie dont 5 milliards en provenance de l’UE », modère Emmanuel Noutary, délégué général d’Anima Investment Network.

    La plateforme de coopération pour le développement économique en méditerranée vient de réaliser une étude analysant 10 ans (2003 -2013) d’investissements étrangers et partenariats d’affaires dans 5 pays d’Afrique du Nord.

    « Pour que les entreprises de tous les secteurs se mettent à avoir des approches plus environnementales, cela ne pourra pas se faire qu’avec des subventions publiques. Il faut que le secteur privé prenne le relais » ajoute-t-il.

     

    Évangélisation du marché

    L’atelier, orchestré en trois temps autour d’une vingtaine de participants, a permis de mettre en exergue des exemples intéressants d’entreprises d’ores et déjà engagées dans le changement climatique mais surtout de réaliser à quel point l’implication de l’entreprise repose sur la conviction d’un dirigeant.

    « Je suis allé dans les écoles et les maisons de jeunes pour expliquer ce qu’était un chauffe-eau solaire que personne ne connaissait alors, explique Omar Ettaieb. J’ai diffusé la bonne parole au sein de mon entreprise et changé radicalement les habitudes de travail. L’on se bat contre les chauffe-eau à gaz largement subventionnés mais nous avons atteint nos objectifs : 50 % de parts de marché, avec une structure industrielle et des certifications Iso 9001 et bientôt 14 001. Et surtout, nous avons  15 000 tonnes de C02 ».

    « Mon grand-père a créé cette entreprise d’éclairage il y a 80 ans, pose pour sa part Bernard Alfandari, à la tête Resistex. « Et c’est la peur – celle de réglementation européenne - qui nous a mené sur la voie de l’éco-conception de nos luminaires. »

    L’entreprise niçoise a commencé par un bilan carbone en 2009 qui lui a révélé que

    « la phase utilisation des luminaires produisait la plus grosse part de l’empreinte carbone. Nous avons donc adopté des analyses de cycles de vie pour tous les nouveaux luminaires. J’ai pris le pari de diminuer nos émissions de 40 % en 2020. Nous les avions atteint dès 2014. »

    Changement radical, prévient le dirigeant, promoteur de l’économie circulaire et fonctionnelle :

    « Nous sommes passés de la vente de luminaires à celle de leur usage à savoir la lumière. En bourrant nos luminaires d’éléctronique, on propose des solutions plus énergétiques, économiques et plus qualitatives. »

     

    L'environnement, un incitatif

    « L’environnement n’est pas à considérer comme une contrainte supplémentaire », reprend Philippe Zanin en forme de conclusion, mais comme un incitatif.

    Que ce soit par les exemples cités plus haut ou de l’entreprise libanaise Zmerly (Liban) utilisant des technologies solaires pour accroître son efficacité énergétique, du groupe hôtelier espagnol Artiem Hotels qui s’est lancé dans une démarche de performance environnementale ou encore de la société tunisienne Aurasol spécialisée dans l’énergie Solaire,

    « tous ont permis de démontrer que la prise en compte de l’environnement peut permettre de stimuler l’innovation, de réduire les coûts ou les risques, créér des emplois ou de la valeur.»

     

    Mieux cibler les plans d'action

    Pour la CCIMP, qui est pilote ou partenaire de projets européens (une quarantaine lors de la précédente programmation 2007-2013),

    « cet atelier est l’occasion de repérer des bonnes pratiques en matière de contribution à la transition écologique, de les agréger pour construire notre propositions dans nos réponses aux prochains appels à projets européensL’ensemble des solutions émises permettra par ailleurs de mieux cibler les plans d’actions et d’outils d’accompagnement des TPE et PME méditerranéennes. »

     

    *réalisé par le Plan d’action pour la Méditerranée sous l’égide des Nations Unies

     

     Green Med Initiative ou comment aider les pays méditerranéens à intégrer une stratégie de traitement des déchets ?

    En amont de MedCop21, le forum de la société civile méditerranéenne pour le climat que la Région a accueilli ces 4 et 5 juin, s’est tenue au Palais de la Bourse le 3 juin la « Conférence de capitalisation » dans le cadre du projet européen Green Med Initiative (GMI- Initiative pour une Méditerranée verte en français), coordonné par les chambres consulaires (Commerce/industrie et agriculture) de Beyrouth et du Mont Liban.

    Cofinancé par l’Union européeenne, GMI, qui s’inscrit dans le programme de coopération transfrontalière en Méditerranée (IEVP-CTMED), a pour objectif d'aider les pays de la Méditerranée à intégrer la problématique du recyclage des déchets. Sachant que les rives sud de la Méditerranée auront gagné en 25 ans, de 2000 à 2025, 100 millions d’habitants supplémentaires avec en corrolaire, une consommation croissante de produits manufacturés.

    Le projet s’apprête à entrer dans sa phase 2, la première étape (janvier 2013-décembre 2015) ayant été consacrée à la réalisation d’un benchmark des pratiques dans six pays euroméditerranéens (Espagne, France, Italie, Tunisie, Liban, Égypte) que la CCIMP a coordonné. Ce benchmark a donné lieu à une méthodologie dont les outils et les process doivent permettre à chacun de mettre en œuvre une stratégie de traitement des déchets. D’ici la fin de l’année, ce benchmark sera affiné par des études de terrain pour s’adapter aux spécificités locales. La CCIMP sera également le chef de file de ces enquêtes ainsi que du des pratiques qui seront mises en place par les 12 membres du consortium.

    Parmi les thématiques abordées à l'occasion de la Conférence de capitalisation, temps fort d’échanges et de mutualisation des résultats : les défis et les enjeux du traitement de déchets avec en filigrane, les pratiques, la gouvernance, le rôle des entreprises, les actions actuellement menées en Méditerranée pour limiter ou recycler les déchets domestiques, les contributions des projets euroméditerranéens à ces enjeux…

     

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