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1er accélérateur des 146 000 entreprises de la Métropole

Donneur d'ordre et sous-traitant, le couple (fertile) de l'industrie du futur ?

L'évangélisation se poursuit. Incitation à l'interdisciplinarité, familiarisation aux technologies de l'industrie du futur, consolidation par l'innovation... la deuxième édition des Rencontres Business Industrie autour du projet Henri-Fabre semble faire la preuve de son concept. Affluence.
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    Lundi 5 décembre 2016

     

    Qu’ils soient donneurs d’ordre ou partenaires de rang 1, ils ont chacun leurs « obsessions ». Mais tous partagent – au-delà parfois d’un partenariat ou une concurrence sur de grands contrats voire d’un actionnariat croisé – un environnement technologique commun, extrêmement mouvant, complexe, rapide, chamboulé de surcroît par l’entrée en fanfare du numérique dans les usines, générant peu ou prou les mêmes réactions : l’urgence d’améliorer les performances économiques pour durer, d’optimiser l’outil industriel pour résister, de réduire les coûts pour baisser les prix, de muscler la R&D pour maintenir la différenciation, d’anticiper sur les évolutions du futur pour exister...

    Autant d’« obligations » pour demeurer dans la compétition internationale et maintenir une industrie de pointe et innovante quand il ne s’agit pas de défendre un leadership mondial. Et pour cela, ils ont une façon spécifique de le dire mais tous ont besoin de s’appuyer sur un écosystème local « robuste », « innovant », « autonome », « performant », « pérenne », « force de propositions », « vivier de compétences à tous les niveaux ».

    Et si cela avait échappé aux acteurs, Olivier Vincent, responsable commercial pour la région Méditerranée de Siemens, équipementier allemand de haute technologie, le résume simplement mais avec efficacité :

     

    « Investissez pour faire des ruptures. Innovez pour créer de la valeur. Montez en valeur pour augmenter vos prix. Vous serez dans un cercle vertueux et n’aurez peut-être plus à gérer la problématique de votre référencement auprès des donneurs d’ordre ».

     

    Vitesse d'une innovation, hors de prix

    Mais pour se saisir de l’innovation, encore faut-il que les acteurs industriels puissent avoir accès aux nouvelles technologies. Un sésame pour les uns, une angoisse pour les autres. C’est tout l’enjeu des écosystèmes d’innovation, lieux privilégiés pour développer l’interdisciplinarité, la fertilisation croisée et l’open innovation, lieux d’apprentissage du « travailler ensemble » entre donneurs d’ordre et sous-traitants, fournisseurs et grands clients, signifie Gérard Goninet, président de Team Henri Fabre. Et de flécher le chemin :

     

    « C’est l’objet du projet Henri-Fabre, qui fédère les filières industrielles du territoire, concentre compétences, outils, ressources sur un objet commun : faire grandir l’écosystème industriel local. Car l’accélération du monde, la différenciation nécessaire, le besoin d’avoir le coup d’avance… imposent un autre tempo. La vitesse à laquelle on met une innovation sur le marché n’a pas de prix »

    Le directeur industriel du site de Marignane d’Airbus Helicopters était, aux côtés d'autres donneurs d'ordre, ce 8 décembre, partie prenante de la seconde édition d’un rendez-vous désormais annuel, initié l’an dernier par l’association Team Henri Fabre et la CCI Marseille Provence.

    Cette édition reprenant un schéma assez similaire : un face-à-face entre les têtes de fil des grandes filières du territoire (aéronautique, naval, défense, spatial, énergies) investies dans le projet Henri-Fabre et une quarantaine de PMI et TPI finement sélectionnés (savoir-faire différenciant, caractère transférable de leurs compétences, respect des délais) par chacun des donneurs d’ordre dans les secteurs des « essais », « mesures » et « instrumentation » (l’an dernier, thématiques de l’ingénierie et mécanique industrielle, matériaux et procédés de demain).  

     

    Evangéliser le marché

    Pour les donneurs d’ordre, il s'agit certes de communiquer une vision à long terme des projets sur lesquels ils planchent mais surtout d'ouvrir leur portefeuille de fournisseurs aux autres, espérant ainsi inciter les PME à travailler dans une dynamique interfilières, l'idée étant que l'interdisciplinarité permet aux entreprises de consolider leurs efforts d’innovation et investissements.


    Pour les entreprises sous-traitantes, l'enjeu est certes de pouvoir déceler des opportunités de façon à adresser des solutions qui soient en mesure de répondre aux problématiques (communes) de plusieurs filières mais surtout de faire valoir technologies et expertises (grâce à des pitch prévus au cours de la journée).

     

    « Cette journée est l’occasion unique de nouer des contacts sans intermédiaires, sans filtres, avec tous les pilotes des grands projets industriels et une opportunité pour diversifier son portefeuille de clients et faire du business. Car pitcher c’est bien, matcher c’est mieux ».

     

    Pour Jean-Luc Chauvin, président de la CCI Marseille Provence, qui ouvrait la rencontre : seule l’innovation permet d’enrichir son offre technologique et « la diversification est un levier qui va permettre d’assurer la pérennité du tissu industriel ».

    Pour les organisateurs, l'association Team Henri-Fabre et la Chambre consulaire, il s’agit surtout d’évangéliser le « marché », en familiarisant les entreprises du territoire au champ lexical de l’industrie du futur, qui n’est plus tout à fait un concept (numérisation, manufacturing avancé, innovation collaborative, impression 3 D, réalité virtuelle, fabrication additive, robotique collaborative, matériaux avancés…ont colonisé les chaînes de production) mais pas encore un état d’esprit (changement de culture de travail, agile et collaborative).

     

    Sur le territoire, l’accès à ces technologies se fait sur le Technoparc Henri-Fabre des Florides. C’est là que se logent un ensemble de plateformes permettant l’expérimentation de solutions nouvelles dans le domaine de la mécanique, ingénierie des matériaux et procédés avancés mais c’est aussi là que les donneurs d’ordres des principales filières du territoire, partie prenante du projet, font part de leurs problématiques.


    « Henri Fabre, ce sont 200 partenariats publics et privés, 50 projets réalisés par an, 5 filières adressées, 200 entreprises impliquées dans le dispo, 2 100 m2 de technologies innovantes pour l’instant », confirme Stéphane Magana, directeur du projet.

     

    La confiance, clé de voûte

    Curieusement, les interrogations émanant de la salle n'ont porté ni sur la complexité des technologies, ni sur les multiples contraintes techniques, financières, réglementaires, que tous ont pris soin de détailler mais … sur la (persistante) difficulté de la mise en relation.

    « Ce n’est pas simple pour une TPE de travailler avec un donneur d’ordre et quand on arrive, c’est bien, mais ensuite il faut créer une histoire avec eux. Parfois on sort de leur panel et on ne le sait même pas », explique un intervenant.

     

    « Des industriels comme Valeo mettent à disposition des catalogues internes qui permettent aux équipes d’avoir une offre de services et technologies prêts à l’emploi », enchâsse un autre.

     

    « Le catalogue ne répond pas à un critère clef. Quand vous intervenez au cœur des systèmes du CEA de Cadarache, la confiance devient essentielle », rétorque Joël Vanden Bosch

     

    Trois contrats et 40 visites

    L’an dernier, la manifestation avait permis de donner lieu à la signature d’au moins 3 contrats et déclenché une quarantaine de visites.

     

    « Les circuits d’achats sont des processus longs et complexes que l’on ne peut pas prévoir. Ce qui est aussi important et que l’on cherche à faire, c’est mettre en réseau les PME pour qu’elles puissent matcher leurs offres », conclue Stéphane Magana.

    Adeline Descamps

     

    Que s'est-il dit ?

     

    Airbus Helicopters : Environnement économique âpre

    Dans le détail, le cahier des charges de chacun est lourd. Mais parce que l’environnement économique est âpre, rappelle Gérard Goninet : « Si l’on doit être compétitif, c’est d'abord par rapport aux concurrents ». L’âpreté du climat, Airbus Helicopters, qui a lancé un plan de suppression de 582 postes en raison des revers du marché, l’éprouve douloureusement. L’hélicoptériste, qui s’était distingué en 2015 par le lancement (H160 ou futur X6) et l’annonce de plusieurs annonces de contrats à l’étranger, a essuyé annulations de commandes et encaisse les conséquences de la chute du prix du pétrole : « Tout le monde a faim. Pour l’acheteur, c’est une opportunité, mais pour nous, cela demande beaucoup d’imagination pour produire mieux et moins cher tout en préservant ses marges. Cela a inévitablement des conséquences sur notre réseau »

    La dynamique interfilière, mise en œuvre au sein du technoparc Henri-Fabre prend aussi tout son sens, au regard des alliances qui se nouent, comme celle de DCNS et d'Airbus Helicopters qui ont présenté le 20 octobre dernier dans le cadre du salon Euronaval, un projet de drone hélicoptère destiné à être embarqué sur les navires français. Les deux industriels anticipent ainsi le futur programme SDAM (Système de drone aérien tactique pour la Marine).

     

    EDF : enjeu du grand carénage

    « Il est important que la filière industrielle soit prête au vu des chantiers qui s’annoncent », pose pour sa part Jacques-Thierry Monti, délégué régional, EDF Paca, confronté à une autre problématique.

    « Le territoire régional doit pouvoir répondre à l'enjeu du grand carénage : Tricastin, qui est à proximité, sera le premier chantier concerné. A la clé, il y aura entre 100 à 200 M€ de sous-traitance par an pendant plusieurs années. Mais nous avons aussi de nombreux projets dans les réseaux énergétiques intelligents (smartgrids) ou les énergies renouvelables comme l’éolien flottant ».

    Pour l’opération « grand carénage », nom donné par EDF à son programme de maintenance et d’amélioration de ses centrales nucléaires (l’entreprise gère 58 réacteurs en France métropolitaine), l’énergéticien a prévu d’investir, pour la période 2014 à 2025, environ 4,2 Md€ par an, soit autour de 51 Md€ sur 12 ans pour prolonger la durée de vie de ses centrales, conçues initialement pour tourner pendant 40 ans, tout en les rapprochant du niveau de surêté des réacteurs de 3e génération. À cette date, suivant la loi de transition énergétique de 2015, la part du nucléaire dans la production nationale d’électricité devra être raménée à 50 % (contre 75 % à l’heure actuelle). Selon EDF, l’opération nécessitera quelque « 110 000 emplois directs et indirects », 3 000 intervenants prestataires par centrale lors des pics d’activité.

    Le groupe a également été retenu par le Ministère de l’environnement avec son projet EDF Énergies nouvelles (EDF EN) – baptisé « Provence Grand Large » - dans le cadre de l’appel à projets pour développer des fermes pilotes pour l'éolien flottant en Méditerranée (trois éoliennes de 8 MW fournies par Siemens et équipées de flotteurs développés par SBM et l'Institut IFP EN).

     

    Thales Undewater Systems : rester leader mondial

    « Nous, notre problématique est de rester à la pointe dans le développement des sonars sur lesquels nous sommes leaders mondiaux », assure Marc Cece, directeur Activités Antennes Acoustiques de Thales Underwater Systems, basé à Sophia Antipolis, Aubagne et Brest (1 200 personnes, CA 400 M€).


    La filiale du groupe Thales, parmi les spécialistes mondiaux dans les systèmes pour la lutte sous-marine, déclare acheter pour une valeur de 140 M€ en moyenne par an dont 5 à 10 M€ sur le territoire. « Il faut ajouter la valeur de la sous-traitance du groupe auprès des PME, de l’ordre du milliard d’euros ».

    En novembre, le ministère de la Défense australien a confié au français Thales la modernisation des moyens de lutte sous-marine de ses six sous-marins, dans le cadre d'un contrat de gré à gré. Un premier contrat de 70 M€ vient d'entrer en vigueur. Il porte sur des études de design et la préfabrication d'une nouvelle génération de sonars, d'ici à 2018. L'Australie devrait sélectionner en outre le fournisseur des systèmes de lutte sous-marine et de communication de ses 12 sous-marins de nouvelle génération, courant 2017. Thales espère gagner cette compétition dont la valeur est estimée à plus de 500 M€.

     

    DNCS : Générer un chiffre d’affaires annuel de 5 milliards d’euros

    DCNS, poids-lourd de l'industrie de la Défense détenu à près de 63 % par l’État et à 35 % par Thales, a également emporté un méga-contrat cette année en Australie, de 34 Md€ sur 50 ans et portant sur 12 sous-marins.  

    Le groupe veut, sous 10 ans, générer un chiffre d’affaires annuel de 5 Md€, contre un peu plus de 3 milliards aujourd’hui, dont plus de 50 % de son CA à l'international (moins de 30 % aujourd’hui), et se diversifier dans les énergies marines.

    Tout comme les grands comptes opérant dans la défense, le spécialiste des sous-marins nucléaires se heurte aux budgets publics contraints en Europe et au développement à marche forcée à l’international de ses concurrents historiques (TKMS, Damen, Fincantieri…) mais aussi émergents (les Coréens, les Chinois, les Indiens), ce qui impose des efforts de productivité et de réorganisation.

     

    Safran Aircraft Engines : marché en effervescence

    Le marché en essor - 20 000 avions attendus dans les 20 prochaines années - explique Olivier Mahias, directeur de l’établissement du centre d’essais d’Istres de Safran Aircraft Engines (moteurs pour avions civils et militaires et pour satellites, CA de 17,4 Md€) « offre beaucoup d’opportunités aux PME. Le dynamisme va profiter au territoire et notamment à Istres mais nous sommes sur des technologies complexes », prévient le dirigeant. Grâce à ses 18 Md€ de prises de commandes en 2015, le groupe affiche en effet un carnet de commandes record à 68 Md€.

     

    CNIM : Haro sur le sourcing

    « On rencontre des difficultés sur certaines ressources comme le contrôle non destructif : on est en phase de sourcing sur ce sujet », pointe Vincent Dragon, directeur des achats chez CNIM. Pour étoffer son sourcing et repérer des technologies dans ses cœurs de métiers, le groupe de la Seyne (Var) prépare une grande manifestation, un exercice de « porte-ouverte » entièrement dédié à l’innovation.

    L'industriel, qui vient de livrer la membrane en polyuréthane du sarcophage de la centrale nucléaire ukrainienne, est également partie prenante des projets Iter, Laser Mégajoule, des centrales EPR de nouvelle génération ou encore des systèmes de lancement des missiles nucléaires des sous-marins.

    L'industriel ambitionne de dépasser le statut de société exportatrice pour devenir un groupe international à la taille critique, ciblant notamment quatre segments clefs : transition énergétique (valorisation des déchets, biomasse, solaire), sécurité, défense et technologies de précision.

     

    Cybernetix : le défi des équipements connectés

    Pour Cybernetix, , filiale de Technip, dont le « super robot » Maestro qui survit aux environnements extrêmes, issu de plus de dix ans de R&D avec le CEA, a capté l’intérêt des médias : « nos équipements deviennent connectés. Il faut créer des valeurs d’usage qui déborde de l’outil », note Joël Vanden Bosch, business developpement manager.

     

     

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