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1er accélérateur des 146 000 entreprises de la Métropole

Face aux crises à répétition, changer de mode de raisonnement s’impose

La CCI Aix-Marseille-Provence et la Banque de France Provence-Alpes-Côte d’Azur ont présenté lors d'un rendez-vous commun ce mardi 28 février la conjoncture économique internationale, nationale, régionale et métropolitaine au Palais de la Bourse à Marseille. Représentants du BTP, de l’agroalimentaire et de l’expertise-comptable ont apporté leur perception du terrain dans une économie confrontée à des secousses de toutes parts. L’optimisme reste de mise. Sous réserve d’éprouver sa capacité d’adaptation !
  • #CONJONCTURE ÉCONOMIQUE
  • Rendez-vous de la conjoncture 28 février
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    Mercredi 1 mars 2023

    « En 2022, les entreprises de la Métropole ont clairement démontré leurs capacités de résilience. Pour 2023, nous refusons d’entrer dans la morosité, même si la croissance reste faible, qu’il y aura toujours des difficultés de recrutement, des interrogations sur les matières premières, les coûts énergétiques ou l’impact de la hausse des taux d’intérêt » martèle Maurice Wolff, membre élu de la CCIAMP. « Nous sommes dans une économie de chocs et d’incertitudes, les équilibres d’avant se sont effondrés. Il va falloir apprendre à mieux raisonner sur le moyen et long terme » complète Jean-Christophe Ehrhardt, directeur régional de la Banque de France en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Face à une assistance composée de chefs d’entreprises, de représentants de fédérations professionnelles, de banquiers, de journalistes, l’un et l’autre se sont employés à démontrer, avec leurs invités, que l’économie du territoire résiste aux bouleversements qui touchent le monde, l’Europe ou la France.

     

    Certes, il ne faut pas attendre de retour à une inflation tolérable, autour de 2%, avant fin 2024 ou 2025. Ni une renaissance du temps de « l’argent gratuit » pour financer ses projets. Pas plus qu’une résolution rapide des problématiques d’approvisionnement, de hausse des dépenses énergétiques, d’affaiblissement des marges ou de pénurie de compétences. « Le bon équilibre sera de plus en plus compliqué à trouver » admet Maurice Wolff. Mais les entreprises provençales ressortent des crises avec un état d’esprit toujours plutôt positif… et combatif !


    Préserver les marges tout en se transformant

    Adjoint au directeur des Affaires Régionales de la Banque de France, Eric Sella a détaillé les résultats de l’enquête menée auprès de 500 dirigeants à la fois sur leur activité en 2022 et leur perception de 2023. Dans l’industrie, chiffre d’affaires, effectifs et investissements s’affichent à la hausse et devraient encore progresser cette année, dans des proportions anticipées moindres. Sur les trois données, le secteur des services marchands affiche également des hausses l’an dernier, mais laisse entrevoir une baisse sensible des investissements prévus en 2023. La construction a enregistré pour sa part une production en croissance, mais un léger retrait sur l’emploi et l’investissement. Cette année, les entreprises du BTP se montrent prudentes avec un repli minime attendu sur l’activité mais une très légère tendance à la hausse sur les effectifs, près des deux-tiers d’entre elles projetant un statut-quo sur les carnets de commandes. Quel que soit le secteur, entre 61% et 68% des entreprises disent prévoir une stabilité de leur rentabilité. « L’objectif est vraiment de réussir à maintenir leurs marges » souligne Eric Sella, en notant que « la résilience nationale est vérifiée dans notre région ». Autant, donc, oser regarder plus loin que les prochains mois. « C’est toujours le moment d’investir dans la sobriété énergétique et l’innovation ! » insiste Jean-Christophe Ehrhardt, volontairement incitatif. Dans le périmètre de la Métropole, les situations diffèrent selon les secteurs. La CCIAMP relève que 31% des chefs d’entreprise ont constaté une hausse de leur activité, ce qui n’est pas négligeable, contre 26% qui notent un recul. « Industrie, construction et services ont fait une belle année 2022 » se réjouit Maurice Wolff, en précisant néanmoins que le secteur des cafés-hôtels-restaurants n’est pas encore revenu à son niveau de 2019. Quant à 2023, l’incertitude domine, en particulier sur l’état des trésoreries à l’issue de ces crises successives et les coûts des crédits pour ceux qui voudraient investir dans leur transformation ou leur modernisation. 


    Se faire accompagner à la moindre difficulté

    Les témoignages des intervenants conviés confirment combien il est délicat de se positionner aujourd’hui pour un dirigeant. La filière agroalimentaire représente 7,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires, un millier d’entreprises à 83% des TPE et 37 000 emplois. Les négociations commerciales en cours avec la grande distribution n’altèrent pas le brouillard, selon Serge Hincker, président de la fédération régionale ARIA Sud. « Au vu des premiers retours des TPE/PME, elles ne se disent pas en position réelle pour obtenir une négociation équilibrée, malgré les évolutions législatives. Pour les grandes entreprises, rien n’est joué pour l’heure non plus. Le monde agricole est rémunéré plus justement, pas l’industrie ».

     

    Serge Hincker évoque « l’addition de problèmes à gérer », les recrutements et l’énergie n’étant pas les moindres. « Le coût de l’énergie par rapport au chiffre d’affaires est passé de 2,1% en 2021 à 5,14% en 2022 dans l’industrie agroalimentaire » explique-t-il, conscient que ces trois points de marge rognée ne peuvent se rattraper sur des consommateurs dont les comportements changent profondément.

     

    Conseiller consultatif de la Banque de France à Marseille pour le secteur de la construction, Philippe Deveau indique que dans le BTP, « les carnets de commandes se sont remplis mais pour une piètre rentabilité » en raison de l’augmentation des prix des matériaux. Il s’inquiète en particulier de la réduction des budgets d’investissement des collectivités que risquent de payer directement, par un effondrement de leurs marchés, les petites entreprises. Et de la baisse des permis de construire qui va accentuer les tensions sur le logement et la capacité des ménages à dénicher le bien qui convient à leurs moyens et besoins.

     

    Quant à Nicolas Férand, président de l’Ordre des Experts-Comptables Provence-Alpes-Côte d’Azur, il se félicite que « le tsunami de défaillances annoncé n’est toujours pas arrivé », même si le nombre de liquidations immédiates s’accroît sensiblement ces derniers mois dans les tribunaux de commerce par rapport aux mises en redressement judiciaire. Les efforts effectués sur la prévention des difficultés contribuent à atténuer les risques d’une issue fatale. « Les entrepreneurs sont clairvoyants et se rendent compte qu’il vaut mieux discuter avant que ça fasse mal, c’est plutôt bon signe » confie-t-il. Une attitude que Maurice Wolff et Jean-Christophe Ehrhardt invitent à adopter pour franchir plus sereinement les prochaines échéances encore si floues. « Surtout, ne restez pas seuls ! » s’exclament-ils, arguant que de la CCI à la Banque de France, en passant par les experts-comptables ou les banquiers, des équipes sont à l’écoute pour que dialogue et transparence enclenchent déjà le premier pas vers un horizon mieux éclairé. 

     

    Consulter la conjoncture métropolitaine du 4e trimestre 20222

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