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La Cité Judiciaire doit rester dans le centre-ville de Marseille

Ce 19 avril 2023, la CCI Aix-Marseille-Provence a organisé au Palais de la Bourse une conférence de presse sur le projet de construction d’une Cité Judiciaire à Marseille en présence de tous les acteurs du monde économique et judiciaire et des associations de commerçants. La revendication est commune : ce projet, voulu par le ministère de la Justice, doit être concerté et surtout se concrétiser autour de l’actuel Palais de Justice, au risque de voir disparaître 18,3 millions d’euros de dépenses effectuées sur le quartier dont 7,4 millions d’euros dans la restauration. 
conf presse cité judiciaire
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Jeudi 20 avril 2023

Personne ne sait encore trop ce que prévoit exactement le Ministre de la Justice pour la future Cité Judiciaire qu’il promet à Marseille. Mais les fuites dans la presse qui font état d’une tour de 40 000 m2 dans le périmètre d’Euroméditerranée inquiètent. Elles ont incité le président de la CCIAMP, Jean-Luc Chauvin, à prendre les devants ce 19 avril pour rappeler, comme il l’avait déjà fait en janvier lors d’un échange avec les journalistes, que ce projet ne peut naître qu’autour du Palais de Justice actuel.

 

Avec des arguments chiffrés cette fois, fort d’une étude économique effectuée par ses services pour le Barreau de Marseille. « Une telle construction, en dehors du cœur de ville, provoquerait une délocalisation totale des activités du quartier, un chamboulement de tout son écosystème, voire sa mise à mort, alors que Marseille se bat depuis des années pour rénover son centre-ville et le rendre plus attractif. Nous dénonçons la méthode d’une décision unilatérale sans concertation préalable. Aucun autre scénario n’a été étudié, l’idée d’une rénovation / extension du Palais actuel a été balayée pour de mauvaises raisons. Cette Cité judiciaire doit rester en centre-ville, la conviction est partagée ». 


Un quartier très dépendant de la justice


Elle l’est d’autant plus que l’étude de l’environnement commercial du quartier durant la semaine, complétée par l’enquête du Barreau auprès de 852 avocats, atteste des impacts dramatiques potentiels qu’aurait le départ des professionnels du droit.

 

Le service « Etudes et Stratégie de Développement » de la CCIAMP estime que 1 780 commerces et 3 800 professionnels du droit se situent à moins de 10 minutes à pied du palais Monthyon. Auxquels s’ajoutent 600 emplois directs de magistrats, greffiers, agents… Sur le seul segment de la restauration, la perte pour les établissements de cette clientèle de proximité s’élèverait à 7,4 millions d’euros dont 5,7 millions d’euros pour les seuls avocats. Sur les autres activités (vêtements, alimentaire, culture, coiffure/esthétique…), l’estimation atteint 10,9 millions d’euros dont 75% liés aux seuls avocats.

 

Au total, ce sont donc 18,3 millions d’euros susceptibles de s’envoler à terme pour les commerces, restaurants, cafés… du centre-ville. Et l’étude n’a pas pris en compte les dépenses des justiciables. « Le quartier dépend essentiellement du palais de justice » résume Christophe Lowezanin, économiste « data scientist » de la CCIAMP.

 

« Que faire si le pouvoir économique attaché aux avocats s’en va? Qui va les remplacer ? » interroge le bâtonnier de Marseille, Mathieu Jacquier, qui regrette un « manque d’ambition pour Marseille ». «Il faut un grand et beau palais en centre-ville parce qu’on connaît ses difficultés, qu’on ne veut pas le voir dépérir avec un projet décidé à Paris sans aucune concertation » ajoute-t-il, citant en exemple le projet conduit à Toulouse.

 

Pour le président de la CCIAMP, l’éventuelle perspective de retombées économiques transférées sur Euroméditerranée ne tient pas. « Lorsque le Conseil Général des Bouches-du-Rhône a quitté le centre-ville pour rejoindre l’Hôtel du Département à Saint-Just, les commerçants ont perdu 25 à 30% de chiffre d’affaires et il n’y a pas eu d’activité économique supplémentaire à Saint-Just ». 


Eviter « un coup de couteau dans le dos » au centre-ville 


Pour Bernard Marty, président de l’UMIH 13, les commerces n’en finissent pas d’affronter des épreuves (gilets jaunes, COVID, crise énergétique, mouvements sociaux…), celle-ci pourrait leur être fatale. « On risque de tuer la quasi-totalité des restaurants, cafés, bars… On ne peut pas revaloriser un centre-ville si on nous enlève la clientèle qui y circule ».

 

Guillaume Sicard, président de la fédération Marseille Centre, redoute « une catastrophe ». Le projet lui semble d’autant plus incompréhensible que l’Etat, parallèlement, affecte des fonds publics à la revitalisation des centres-villes en difficulté.

 

L’Union pour les Entreprises des Bouches-du-Rhône (UPE 13) et la CMPE 13 se disent prêtes au combat pour empêcher le Garde des Sceaux de persister dans son idée jugée « contre-productive » et « injuste ».

 

L’avocat Michel Pezet regrette, pour sa part, un projet qui symboliserait « l’enfermement de la justice dans une tour » au détriment d’une mission qui doit s’ancrer au cœur de la population.  


Un concours et une concertation pour des alternatives


Soucieux de remonter vers le ministère des propositions pour une « Cité Judiciaire du 21ème siècle moderne et discutée », Jean-Luc Chauvin formule, au nom du monde économique, deux suggestions.

L’une consisterait à lancer un concours d’architectes, associant étudiants et professionnels expérimentés, pour plancher sur « un geste architectural fort » visant à pérenniser la justice sur le quartier, avec un réaménagement novateur des sites existants.

L’autre vise à ouvrir « une véritable concertation » qui inviterait aussi les collectivités territoriales pour qu’elles s’expriment sur le sujet. « Elles doivent prendre part à ce débat, dit-il. Le Préfet de Région pourrait être nommé à la tête d’une commission.

 

Mieux vaut perdre un peu de temps pour réussir ce projet sous tous ses aspects plutôt que d’engendrer une nouvelle catastrophe économique pour le centre-ville de Marseille » insiste Jean-Luc Chauvin. 

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