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Marseille : Droits et devoirs du 15e port mondial de croisière

Top Cruise, le grand rendez-vous des professionnels de la croisière le 18 novembre dernier au Palais du Pharo a hissé Marseille au rang des 15 premiers ports mondiaux de croisière. Une ascension rapide pour ce qui passe déjà pour une success story portuaire. Durable ?
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    Vendredi 20 novembre 2015

    Le port de Marseille fait des vagues en Méditerranée. Déferlement de chiffres et pluie de records ont accompagné la tenue de la 15e édition du rendez-vous annuel des professionnels de la croisière, Top Cruise. Seule la compatibilité en effet permet d’asseoir les faits. Alors, l’arithmétique est réquisitionnée pour traduire l’essor « spectaculaire » de la croisière dans l’Hexagone dont profite au premier plan Marseille, « grand hub de la croisière en Méditerranée », selon les dires de Georges Azouze, le patron en France de l’une des plus grandes compagnies mondiales de croisière, Costa Croisières.

     

    1. Explosion de la croisière en France. « Le marché hexagonal a progressé de 91 % en quelques années et se place au 4e rang européen derrière l’Allemagne, le Royaume Uni/Irlande et l’Italie, décompte Georges Azouze, qui est aussi le président de l’Association internationale des compagnies de croisières (Cruise Lines International Association, Clia). Gardons raison : la France partait de très bas et le taux de pénétration de la croisière en France s'établit à 0,9 %, ce qui laisse le président représentant d'une trentaine de compagnies croisant dans le monde très enthousiaste quant aux marges de progression. « Entre 2009 et 2014, nous sommes passés de 31 000 à 593 000 croisiéristes français en 2009. Et entre 2013 et 2014, nous avons 70 000 passagers supplémentaires. Le trafic cumulé des armateurs a atteint aussi en 2014 un nouveau record avec un total de 6,39 millions de passagers en Europe et 22,1 millions dans le monde. La Méditerranée est le deuxième marché mondial ». 

     

    2. Performance du port de Marseille. Calcul rapide, soumet encore le patron français de la compagnie génoise, laquelle se dispute chaque année le leadership en Europe et en Méditerranée avec sa rivale italo-suisse MSC à la manière du match Airbus-Boeing : « 2,44 millions de croisiéristes ont fait escale dans les ports français en 2014. Avec son 1,481 million de passagers estimés en 2015, c’est dire la performance du port de Marseille et son caractère désormais incontournable ». 68 navires de 27 compagnies différentes auront opéré 450 escales d’ici la fin de l’année à Marseille.

     

    3. Une ascension rapide mais certaine. 150 000 passagers en 1999, près d’1,5 million en 2015. Entre 100 et 200 000 passagers supplémentaires par an ces dernières années. En moins de deux décennies, Marseille est entré dans le cénacle des ports de croisière au million de passagers. Et en deux ans, il est passé de la 9e à la 5e place européenne, derrière Barcelone, Civitavecchia, Venise et les îles Baléares dans le classement 2014 de MedCruise, l'association des ports méditerranéens de croisière. Une prouesse à mettre en regard des contre-performances de ses voisins méditerranéens (Barcelone : - 9 % ; Civitavecchia (Rome) : - 15,7 % ; Venise : - 4,5 %, Naples : - 5,2 % et Le Pirée : - 19 %). Les deux premiers (Barcelone et Civitavecchia) restent néanmoins loin devant avec, respectivement, 2,36 et 2,14 millions de passagers.

    Dans le classement mondial, dominé par les trois ports américains (Miami, Everglades et Canaveral), le Grand port maritime de Marseille (GPMM) progresse vite et talonne Palma et Porto Rico de seulement quelques dizaines de passagers.

     

    4. Symbolique de l’attractivité portuaire. Le Grand port maritime de Marseille (GPMM) a été le pivot d’une douzaine d’escales inaugurales cette année, dont celle, le 26 mai, du hors norme Allure of the Seas, propriété de la compagnie américaine Royal Caribbean International qui a choisi la plate-forme  phocéenne pour inaugurer sa tournée européenne.

    Par ailleurs, l’enceinte portuaire a réalisé quelques performances logistiques : un record mensuel historique avec 199 550 croisiéristes traités en octobre, un exploit dominical avec 21 000 excursionnistes le 7 août et une prouesse de week-end les 12 et 13 septembre avec 36 000 touristes. En moyenne annuelle, les quais Léon Mouret ont enregistré 2 000 passagers par jour en hiver et de 4 000 en été.

     

    5. Dans la cour des grands ports mondiaux. « On vient d’intégrer le Top 15 mondial après avoir atteint la 5e place européenne. Nous avons certes des devoirs mais aussi, désormais, des droits », exprime Jean-François Suhas, le président du Club de la Croisière Marseille Provence, une association créée à l’initiative de la CCI Marseille Provence, du Grand Port Maritime de Marseille et de la Ville de Marseille pour assurer le développement commercial. Des droits, à commencer par celui de de croire « que l’on pourra intégrer très rapidement le Top 3 méditerranéen et jouer dans la même cour que des ports qui sont aussi des capitales dans leur pays comme Barcelone ou Rome ».

     

    6. Du business avant tout. « La croisière, c’est du business et avant tout du business, insiste Franck Recoing, élu à la CCI Marseille Provence en charge du tourisme. « Marseille est une destination touristique qui offre une diversité d’expériences : la culture avec son patrimoine naturel et ses musées, du shopping, des activités de plein air ou du sport…C’est un spot exceptionnel. La croisière a abondé l’économie locale à hauteur d’1 Md€ depuis les débuts ».

    Parmi le million et demi de croisiéristes, quelque 520 000 ont embarqué et débarqué à Marseille en 2015. C’est cette clientèle que les villes-ports cherchent précisément à capter car ils sont les plus « profitables » à l’économie locale, la dépense moyenne d’un passager dit « tête de ligne » serait de 160 € contre 50 € seulement pour les 900 000 en transit (un jour passé seulement sur le territoire), selon le Club de la croisière (cf.encadré). A Barcelone, le taux des « têtes de ligne » atteint 60 % (des 2,36 millions de pax) et 90 % à Venise (des 1,73 million de pax). 

    Mais il y a aussi un autre enjeu, poursuit l’élu. « Nous sommes ici dans un écosystème vertueux, avec des investisseurs qui ont réactivé les chantiers navals sur le segment de la réparation et qui réinjectent ainsi dans l’économie locale une dose de savoir-faire économique avec un effet d’entrainement sur la sous-traitance ».

     

    7. Les raisons de la success story portuaire. « Les infrastructures font la différence. Ici, on a des quais, des gares TGV, un aéroport », distingue Georges Azouze, qui a opéré son premier navire le Costa Romantica en 1996, le port phocéen enregistrait alors un trafic de 30 000 pax.

    S’il est bien situé géographiquement - emplacement idéal entre Barcelone et Gênes – le port de Marseille n’a pas non plus de véritables concurrents en France. Nice, qui aurait pu devenir le grand hub méditerranéen de la croisière grâce à son aéroport international (2e de France) et sa position géostratégique, est limité techniquement pour accueillir de gros paquebots. Avec ses deux terminaux et ses trois quais en mesure de recevoir des navires de 300 m, Toulon/La Seyne (230 000 croisiéristes prévus et 119 escales en 2015) investit aussi pour répondre aux critères des embarquements en tête de ligne (un terminal en cours de réalisation d'un montant 1,5 M€ doit entrer en service durant le premier semestre 2016). Les ports de Toulon jouent(aient ?) d'ailleurs le rôle de port de délestage de Marseille quand celui-ci se voyait paralysé par les grèves (celles de la SNCM ont fait perdre 45 000 passagers à l’activité croisière en 2014) ou inaccessible pour des raisons météorologiques.

     

    8. D'importants investissements. Cela sera de moins en moins le cas, assure Christine Cabau-Woehrel, présidente du directoire du GPMM, l’établissement public sous tutelle de l'État ayant largement investi dans ses bassins. Après la mise en service du terminal Joliette en 2013 (en face du MuCEM) pour les navires « luxe » de moins de 200 m, le port a ouvert un 3e terminal (B) en 2014 pour être en mesure d’accueillir 7 bateaux simultanément, l’ensemble offrant une capacité de traitement de 20 000 passagers par jour.

    Le GPMM conduit actuellement deux autres chantiers en vue de consolider son offre « croisière » : « l’élargissement de la Passe Nord va permettre un accès par tous les temps à des navires de plus de 300 m dès 2017, ce qui a necessité un investissement de 35 M€ », poursuit la directrice générale du GPMM. Par ailleurs, d’ici fin 2016, sera remis « en forme » l’un des plus grandes formes de radoub de réparation navale de Méditerranée, ce qui va permettre de relancer une activité industrielle.

     

    9. Mode de gestion qui inspire d’autres ports dans le monde. « Le boom de la croisière à Marseille est le résultat d’un jeu collectif entre la CCI Marseille Provence, la Ville de Marseille et le Grand Port Maritime de Marseille qui ont eu la bonne idée de confier la gestion à des opérateurs privés via une concession de 25 ans (MSC Croisières, Costa Croisières, NDLR) », insiste Jacques Massoni, directeur général de Marseille Provence Cruise Terminal (MPCT), la société qui gère les terminaux.

    « La privatisation et la gestion autonome des terminaux a puissamment contribué au développement de la croisière à Marseille. C’est un schéma qui inspire bien bien d’autres ports dans le monde », confirme Erminio Eschena, qui pilote le business en France de MSC (1,65 million de croisiéristes transportés dans le monde), filiale du deuxième armateur mondial de porte-conteneurs. Un autre symbole : le leader européen attend 7 paquebots (5 Md€ d’investissements) d’ici 2022, dont le premier d’entre eux, le Meraviglia (5 700 passagers), sera positionné en tête de ligne à Marseille.

     

    10. Derniers verrous à lever. Pour Maxime Tissot, directeur de Marseille Congrès Convention Bureau, la croisière fait partie, avec la culture et le tourisme d’affaires, des trois leviers pour doper l’attractivité de la « destination Marseille Provence » notamment auprès de la clientèle étrangère. « Il reste à obtenir l’ouverture de lignes aériennes, notamment transatlantiques, et on travaille dans ce sens », indique Franck Recoing.  « Il y a trois axes sur lesquels on chasse en meute, précise Maxime Tissot : l’ouverture de lignes directes avec les États-Unis ainsi qu’avec le Moyen-Orient et obtenir des droits de trafic européen pour la Chine. »

    Si l’Asie n’a représenté que 1,4 million de voyageurs en 2014, il devrait être le deuxième plus gros marché du monde à l’horizon 2020, à plus de 30 %, selon la Clia. La Chine (697 000 passagers en 2014) représente à elle seule plus de la moitié du marché asiatique, et affiche une croissance de 79 % du nombre de passagers entre 2012 et 2014.

     

    11. 2 millions de croisiéristes en 2020 ? « Au regard des bateaux en construction, c’est une offre supplémentaire de 30 % qui va arriver sur le marché dans les prochaines années (flotte mondiale est actuellement de 270 navires océaniques, NDLR). Il faudra être suffisamment attractif pour en capter une partie en développant notre offre de services de façon à être une ville de pré et post-croisière et en obtenant des liaisons internationales », exhorte Jean-François Suhas. Il faudra, pour ce faire, assurer aussi l'accessibilité des centre-villes par des transports efficaces, une demande expressément formulée durant le Top Cruise par les professionnels qui commercent avec la croisière (cf. Comment faire son business avec la croisière ?). 

     

    12. Reste un signal fort. Le port de Marseille va récupérer en 2016 une « belle signature » avec la compagnie américaine basée à Miami, Norwegian Cruise Line, qui va positionner en tête de ligne son Norwegian Epic (capacité de 4 100 passagers, du 23 avril au 15 octobre 2016).

    « En 2012, NCL a fait un pas en arrière sur le marché français faute de résultats satisfaisants. La compagnie a opéré son retour en France en 2014 avec un trafic de 20 000 passagers français, soit 3 % du marché français des croisières maritimes. Marseille est une nouvelle étape pour la NCL », explique Rémy Arca, président-fondateur de Compagnie Internationale de Croisières (CIC), qui représente plusieurs grandes compagnies et marques de croisière internationales (NCL, P&O Cruises, Aranui, Compagnie du Ponant…).

    Il pourrait en convaincre d'autres ? « Plus le nombre de croisiéristes va évoluer, plus les compagnies américaines seront intéressées par un slot et quand on parle d’embarquement en France, je ne vois que Marseille pour donner entière satisfaction à des compagnies étrangères ».

     

    A.D

    ©C.G et GPMM

    L’essentiel : La croisière à Marseille

    - 1,481 million de passagers attendus à Marseille en 2015

    - 68 navires de 27 compagnies accueillies

    - Plus de 30 M€ d’impacts directs (estimations basées sur la somme des flux monétaires liés aux dépenses effectuées par les agents maritimes et réceptifs au titre de la croisière : masse salariale, investissements, achats et fiscalité locale…)

    - Plus de 50 M€ d’impacts indirects (dépenses touristiques faites par les passagers)

    - Plus de 150 M€ d’impacts induits

    - La contribution économique directe de l’industrie de la croisière en France s’établissait à 1,117 Md€ en 2014. D’après la Clia, la croisière représente 15 101 emplois directs en 2014 dont 25 % pour le seul secteur manufacturier.

     

     

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