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1er accélérateur des 146 000 entreprises de la Métropole

Pourquoi la Vallée verte pourrait être plus qu’un « Domaine »

Ce parc d’entreprises de 20 ha pas tout à fait comme les autres, à l’Est de la Métropole Aix-Marseille Provence, porte de nouveaux espoirs. Préfiguration d’un nouveau destin économique offert à la vallée de l’Huveaune ? Acte 1 d'une renaissance par l’excellence d’un autre modèle de travail ?
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    Mardi 18 avril 2017

     

    Il a une « certaine idée de l’entreprise » et depuis qu’il a pris la suite de Goodman fin 2013, il porte une ambitieuse conception de ce que doit être un parc d’entreprises. Cela fait quatre ans qu’il tisse ainsi les fils de son concept, ni fil de fer, ni fil de soie, sans bruit ni coup de menton, autour du « pragmatisme énergétique et du bien-être au travail ».

    Ce n’est pas donc pas surprenant que pour ses premières « sorties » de communication, il le fasse autour de la démarche de la valorisation de déchets. En soi, absolument pas « vendeur » médiatiquement mais tellement proche de ce qu’il a à « commercialiser » : « La vallée verte, c'est un écosystème, une signature, un symbole, une philosophie, une organisation du travail réinventée avec l’humain au cœur de la machine… ».

    Yvan Gouchon, investisseur discret donc, recevait ce vendredi 14 avril, veille d’un week-end pascal, quelques personnalités devant un ensemble … de conteneurs de tri triomphant à l’entrée du Domaine de la Vallée verte : ce parc d’entreprises au 20 ha de la zone Est de la métropole Aix Marseille Provence, dans le 11e arrondissement de Marseille, pas tout à fait comme les autres, au passé entre gloire et décadence et au passif à empreintes.

     

    Un destin économique calciné

     

    Dessiné par les architectes de renom René Egger et Fernand Pouillon dans l’immédiat après-guerre, ouvrage reconnu patrimonial pour cette raison, il fut successivement le creuset de l’usine à chocolat de Nestlé (depuis les années 50), le foyer d’une résistance ouvrière pour empêcher (en vain) la fermeture du site, le berceau d’un nouvel espoir avec le projet du groupe russe Ivory Coast Cacao (ICC) et l’arrivée du groupe australien Goodman, qui y projetait 60 000 m2 en bureaux et locaux en plus des 25 000 m² existants. C’était avant que le spécialiste international des parcs d’affaires et des plates-formes logistiques ne se désengage. L’ensemble sera finalement repris par YG Investissement, société de Beaulieu (Alpes-Maritimes) présidée par Yvan Gouchon, adossé à un partenaire bancaire : la Caisse d’Épargne Provence-Alpes-Côte d’Azur (CEPAC).

     

    S’affirmer comme un démonstrateur dans la gestion et le traitement des déchets

    « On inaugure aujourd’hui un processus long de plus d’un an de travail. C’est le temps qu’il a fallu pour identifier et caractériser tous les gisements de déchets produits par les entreprises du site. Aujourd’hui, on peut affirmer que 75 % des déchets sont traités et recyclés et l’on ne compte pas s’arrêter là : on va compléter avec la mise en place d’une zone pour traiter les encombrants, les déchets végétaux (compost) voire jusqu’aux cigarettes », a introduit Yvan Gouchon.

    Dans ce but, l’entrepreneur, qui y a investi 150 K€, a contracté avec Veolia, lequel a participé au financement à hauteur d’un tiers. Pour le choix de l’opérateur, l’entrepreneur a agit en bon sens commerçant, qui veut que « l’on fasse travailler ceux qui nous font travailler : Veolia est locataire depuis 4 ans ».

     

    Un « vrai entrepreneur »

    « Yvan Goujon est un vrai entrepreneur, embraye Joël Gentil, directeur régional de la branche recyclage et valorisation des déchets de Veolia. Il nous a challengés sur un tas de sujets. L’environnement ce n’est pas juste mettre des poubelles à disposition et sensibiliser à une conscience environnementale. On est parti d’un taux de valorisation de 11 %. Nous avons réalisé une segmentation extrêmement fine qui remonte le chaîne très en amont et parvenu à ausculter 10 flux différents. C’est un site pilote et l’objectif est de dupliquer ailleurs ».

    Le géant de la propreté est parvenu à des mêmes niveaux de valorisation mais sur des sites non comparables : Le Village des marques à Istres ou Les Terrasses du port à Marseille. Ici s’étalent 32 000 m2 de surfaces, cohabitent 1 000 salariés répartis dans une vingtaine d’entreprises (dont Suez et Veolia, la Caisse d'Épargne Provence Alpes Corse, La Poste, Poivre Blanc, la marque qui parle à la génération 80, le courtier Saretec ... ou encore, très prochainement l'EFS, l’établissement français du sang).  

     

    Voilà pour les faits … du jour

    Reste le projet global et les nouveaux investissements (il ne resterait plus que 1 à 1 500 m2 de bureaux vacants. Il était question d’une extension de 80 000 m2) sur lequel le promoteur demeure toujours économe en verbe, seul maître de son agenda : « J’en parlerais quand ce sera le (son) moment. Je me suis engagé, pour les bâtiments à venir, à les ouvrir à la vente pour permettre à des entreprises d’acquérir dans une logique patrimoniale », dilue l’unique propriétaire des terrains à ce jour.

    « Ces trois dernières années, on a œuvré à écrire de nouvelles pages de ce site et à forger son ADN. Aujourd’hui, le Domaine termine sa mutation avec toujours pour ambition première de donner à ce parc d’entreprises une vraie sensibilité durable et environnementale et d’être le vivier d’entreprises soucieuses de leur environnement du bien-être au travail. L’humain car l’on considère que la performance de l’entreprise est directement dépendante de l’environnement de travail. Les énergies et l’environnement car il est de notre devoir d’être raisonnable, de réduire notre empreinte environnementale, en maitrisant nos consommations grâce à des bâtiments intelligents et en favorisant la production d’énergies vertes », appuie Yvan Gouchon.

     

    Symbiose avec la nature

    Le domaine propose une station Twizi mis à disposition avec la start-up marseillaise de location de véhicules électriques en autopartage Totem Mobi.

    Le parc au cadre paysager d’exception (massifs de Saint-Cyr et du Garlaban, berges de l’Huveaune), dont l’aménagement avait été confié à l’architecte Corinne Vezzoni (la même qui est à l’œuvre de l’autre projet au concept innovant TheCamp), a multiplié les initiatives «  d’énergies positives » : bâtiments équipés de panneaux photovoltaïques (6 000 m2 installés pour l’heure), gestion intégrée domotique, mise en place de bornes de recharge électriques et installation d’une station Twizi avec la start-up marseillaise de location de véhicules électriques en autopartage Totem Mobi ; entretien du site avec des produits respectueux de l’environnement. Il est désormais question de la création d’une boucle énergétique (adéquation de l'offre d'énergie avec la demande au niveau d'un territoire), à l’étude avec EDF.

    Le dirigeant d’YG Investissement déclare avoir mis sur la table quelque 4,5 M€, hors bâtiments, pour développer des équipements et services : une navette privée pour pallier des dessertes déficientes (empruntée par 1 300 personnes aujourd’hui et desservant 7 arrêts extérieurs aux points de jonction RTM et SNCF) et une offre de services (opérationnelle en juin) avec une crèche d’entreprise (à terme, 30 places); une conciergerie « durable » ; un restaurant inter-entreprises, un centre de fitness, un espace business working « My Office Vallée Verte » avec coworking et pépinière d'entreprises...voire un accélérateur.

     

    « Ici se construisent les bureaux de demain »

    Julien Ravier, qui représentait la députée-maire des 11e et 12e arrondissements de Marseille Valérie Boyer, tend l’oreille. Sans doute moins avec sa casquette de conseiller municipal du secteur en charge de la propreté et de la voirie qu’au titre de directeur des relations extérieures de la business School Kedge, laquelle a initié une chaire de recherche « Bien-être et travail » avec la Caisse d’épargne Provence-Alpes-Corse dont l’objet est notamment d’étudier et de mesurer les impact d’un environnement de travail sur la performance des salariés et de l’entreprise.

    L’école de commerce vient par ailleurs d’inaugurer un accélérateur de startups (cf. ces écoles qui veulent devenir des fabriques d'entrepreneurs). « Nous sommes associés à ces projets, pour l’heure, encore à l’état de réflexion, mais j’ai la conviction qu’ici se construisent les bureaux de demain. Il ne vous le dira pas car il n’aime pas communiquer avant d’avoir fait, mais ce site est déjà en soi un exemple de reconversion réussie, sur le plan architectural, environnemental puisqu’on tend vers l’autonomie énergétique, et économique avec une nouvelle promesse de développement », s’enflamme l’élu.

     

    « Développer une industrie de l’excellence »

    Industrie et excellence. C’est visiblement ce qui fait réagir Jean-Luc Chauvin. « À la CCI Marseille Provence, nous avons quelques préoccupations pour les 5 prochaines années », euphémise le président élu en novembre dernier, « et notamment celle de donner à ce territoire les moyens d’avoir une longueur d’avance. En apportant une réponse adaptée aux enjeux énergétiques et aux usages des entreprises et de leurs collaborateurs, cette zone est une vitrine pour le territoire ».

    La CCI Marseille Provence et l'association des Entrepreneurs de l'Huveaune, présidée par le très volontaire Claude Robert, travaillent depuis quelque temps déjà à faire émerger une démarche d’économie circulaire* (échanger des flux et des utilités, mutualiser des services et des compétences et partager des équipements) à l’instar de Piicto à Fos ou de NCIS (Nouvelles coopérations industrielles et Synergies) autour de l’Étang-de-Berre (cf. Les expériences d'ecologie industrielle se multiplient sur le territoire). Les deux partenaires ont notamment été retenus parmi les 9 lauréats de l'appel à projets « Écologie industrielle et territoriale » lancé par l'Ademe et la Région PACA.

    À ce jour, 25 entreprises adhérent à la démarche et une première analyse des flux est en cours. « C'est par cette voie que la Métropole gagnera en compétitivité et en attractivité », tient à rappeler Jean-Luc Chauvin. 

     

    Territoire irrigué

    Attractif ? Par sa réserve foncière et son emplacement à l’embranchement de nœuds autoroutiers sur les infrastructures Nord-Sud et Est-Ouest A50 et A501, qui le met à portée la plupart des villes de la Métropole, le site l’est incontestablement.  

    Mais comme pour la plupart des grands sujets métropolitains, les réglages demeurent les mêmes : la mobilité. Le maillage entre fer, autoroute et transports en commun sur ce territoire « en peau de léopard », s’avère d’autant plus nécessaire que, selon une étude de l’Insee sur les déplacements domicile-travail, 70 966 des résidents y travaillent et 30 000 personnes y entrent tous les jours.

    Yvan Gouchon, qui a organisé des navettes privées car il ne pouvait pas attendre une réponse du politique, dont le calendrier converge rarement avec celui de l’entreprise, ne désespère pas un jour d’un alignement : « Aujourd’hui, on peut aller voir la Métropole avec des éléments de fréquentation et on va pouvoir négocier de nouvelles solutions de transports », soutient-il.

    La mairie du 12e arrondissement défend, selon Julien Ravier, un ensemble de dossiers structurants qui devraient favoriser les rabattements vers les transports collectifs le plus en amont possible afin de réduire la saturation des axes routiers et autoroutiers dans la vallée de l’Huveaune, notamment entre Aubagne et Marseille.

    Ainsi de la réhabilitation de la gare de la Barasse pour accueillir une 3e ligne de voie ferrée de 13 km entre Saint-Charles et Aubagne, qui permet désormais aux habitants de la vallée de laisser leur véhicule sur un parking de 250 places afin d'emprunter les transports en commun. Mais qui doit encore devenir un pôle multimodal (train, tram, parking bus et voitures) pour produire pleinement ses effets.

     

    Priorité métropolitaine ?

    « Le secteur est une priorité de l’agenda mobilité de la Métropole », pointe Julien Ravier. Et de citer le projet de Val’Tram qui partirait de Noailles et rejoindrait Aubagne, via la Blancarde, les Caillols et la Barasse.

    La prompte réaction des maires concernés par l’annonce en février dernier par la Métropole de ne pas réaliser l’infrastructure en une seule tranche de travaux mais en deux temps est révélatrice des attentes placées dans ce « projet vital pour les communes du territoire ».

    Il est également beaucoup attendu de la L2 (contournement de Marseille en reliant les autoroutes Est et Nord, définitivement achevé en 2018, aujourd’hui 5,2 km sont en service), couplée au futur Boulevard Urbain Sud « multimodal (8,5 km à horizon 2021), qui doit désenclaver 11 quartiers des 8e, 9e et 10e arrondissements de Marseille.

    C’est sans doute ce package que présente Yvan Gouchon au gré de son « tour opérateur », en quête de nouveaux investisseurs, un peu d'ici et beaucoup d’ailleurs. L'homme qui ne parle pas pour ne rien dire, selon sa réputation, se refuse logiquement à se comparer à quoi que ce soit. Mais il place néanmoins son Domaine, d’un genre nouveau, sur la même échelle de valeur ... qu’Euroméditerranée. Ce territoire Nord de Marseille, qui lui a bénéficié des largesses de subsides publics, dont les élus, surtout, auraient aimé bénéficier. 

     

    Adeline Descamps

    * L’agglomération d’Aubagne conduit une démarche similaire dans le cadre de l’Agenda 21 en partenariat avec les zones d’activités des Paluds, de Napollon et du pôle Alpha.

     

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    « C’est une vallée complexe et malmenée qui demande aujourd’hui beaucoup d’investissements, concédait il y a quelques temps déjà Valérie Boyer, la députée-maire des 11e et 12e arrondissements de Marseille à l’occasion d’une table ronde sur la redynamisation de la vallée de l’Huveaune.

    Ce territoire aux milliers d’hectares entre Marseille et Gémenos, axe historique industriel de l’Est marseillais, a vu pousser les usines comme des champignons : les wagons Codet, la verrerie Qu’Eldar, la marbrerie Tine, la brasserie Phénix (aujourd’hui Heineken), les moulins Maurel, les tuileries Saint-Marcel mais aussi Rivoire & Carré, Nestlé, Panzani, les biscottes Prior, Fra lib, Pechiney, Elf-Atochem, Area (ex Organique), les ciments Lafarge, etc., avant d'être comptable des disparitions et fermetures. Territoire éprouvé mais espace-clef métropolitain, la Vallée de l’Huveaune est aussi un corridor de déplacements majeur mais très saturé.

    La partie Grand Sud Huveaune, qui s’étend du 9e au 12e arrondissements de Marseille, compte près de 21 000 établissements, soient 10 % des établissements de la métropole Aix- Marseille-Provence. Les structures sans salarié sont très largement majoritaires (71 % contre 69 % pour la métropole).

    Le territoire enregistrait près de 57 000 emplois salariés privés en 2012, soit une proportion d’actifs supérieure à la moyenne métropolitaine et une moindre fréquence des non diplômés (19 % contre 24 % à Marseille). Les principaux employeurs sont les secteurs de la santé et l’action sociale et du commerce (de par la présence de deux pôles commerciaux de grande taille).  

    Le territoire a toutefois connu une augmentation importante ces dernières années du nombre de demandeurs d’emploi (de près de 30 %, autour de 18 000 chômeurs)

    L’absence de vision commune du fait de la fragmentation institutionnelle (pris en tenaille entre deux intercommunalités et quatre communes) n’a pas aidé la prise en charge de la vallée de l’Huveaune, qui aurait aimé pouvoir bénéficier d’une injection d’argent public et privé de l’ampleur de celle qui permet au Nord de Marseille de se rêver en futur quartier de La Défense marseillais avec l’OIN Euroméditerranée.

    Les ex-communauté urbaine MPM et Pays d’Aubagne et de l’Étoile ont toutefois entrepris en 2015 de partager une vision commune sur le destin de ce territoire, qui s’est soldé par la réalisation d’un schéma d’aménagement en termes de déplacement et développement économique. Un travail confié au cabinet lyonnais spécialisé sur les stratégies urbaines INTerland. Il devait notamment servir de document de planification à moyen et long terme avec valeur prescriptive pour les documents d’urbanisme (SCOT, PDU, PLU et PLH).

     

    * La démarche associe, outre les élus, les collectivités territoriales et l’État, la Chambre de commerce et d’industrie de Marseille Provence (voir encadré), la Chambre des métiers et de l’artisanat, la Chambre d’agriculture, mais aussi le Parc National des Calanques, RFF, la SNCF, la SOLEAM, la RTM, ainsi que des acteurs de la société civile.

     

     

    Une nouvelle zone d'activités au coeur de la Vallée de l'Huveaune

    Le 26 avril, la Vallée de l'Huveaune devrait s'enrichir d'une nouvelle zone d’activités de 8 000 m2 de locaux « clés en mains » (promoteur Redman), aujourd’hui totalement commercialisés auprès de quatre entreprises : Abena Frantex (fabrication de produits liés à l'incontinence), Panier des Sens (commerce de gros de parfumerie et de produits de beauté), Geismar (entretien de voies ferrées) et DERD (commerce de gros de matériel électrique). Elles seraient susceptibles, à terme, de créer ou maintenir de 180 emplois directs et indirects, est-il indiqué dans le communiqué de presse.

    Le parc d'activités Saint-Antoine constitue la première réalisation de l'opération « 100 000 m2 pour les entreprises » lancée par la Ville de Marseille en mars 2015. Elle vise à réserver dans son Plan local d'urbanisme (PLU) du foncier entièrement dédié au développement économique. 8 sites du territoire marseillais sont concernés.


     

     

     

     

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